Thursday, September 17, 2009

Le Rwanda pratique un système d'apartheid

L’histoire se répète

Dans son « Opinion » publiée sur le web le 02/09/2009, Thaddée Kwitonda fait remarquer pertinemment : « La discrimination par laquelle les dignitaires tutsi d’avant 1959 empêchaient les enfants hutus d’aller à l’école, privaient la propriété à leurs parents pour l’appauvrir davantage, les exploitaient en les obligeant à travailler gratuitement pour les chefs, par laquelle on les empêchait à accéder à la richesse, à l’emploi rémunéré, sont exactement les mêmes méthodes utilisées aujourd’hui par les dignitaires du FRP pour exactement le même objectif : Ecraser davantage les rwandais d’ethnie hutu à travers la discrimination « légale » :

-Seuls les enfants des rescapés du génocide (tout tutsi est rescapé, même s’il n’était pas au Rwanda pendant la tragédie rwandaise) ont le droit aux frais et à l’équipement scolaire au moment où les orphelins d’ethnie hutu, même si leur parents ont été assassiné pendant la tragédie rwandaise, n’ont droit à aucune assistance, alors que les deux enfants sont orphelins d’un même pays le Rwanda. Ils sont contraints à quitter l’école malgré leur capacité intellectuelle. A vous de tirer la conclusion sur les conséquences inévitables.

-Seuls les hutu sont jugés pour les actes de génocide, de crime contre l’humanité, d’idéologie du génocide par les juridictions gacaca, par les juridictions ordinaires du Rwanda, par les juridictions des pays soutenant inconditionnellemen t le régime du FPR et par le Tribunal d’Arusha, comme si les hutu sont criminel par nature. Le combat entre hutu et tutsi a toujours fait des victimes de deux côtés qui méritent tous la justice réparatrice. Le sang hutu et le sang tutsi sont les deux de couleur rouge.

-La vente aux enchères des biens et propriétés des hutus pour réparer le préjudice présumé subi par les tutsi après une parodie de justice, devant une juridiction gacaca qui n’a aucune honte de prononcer la peine d’emprisonnement à perpétuité contre l’accusé sans avocat, sans motivation de la décision par de simple citoyen sans aucune notion élémentaire de droit, dans un pays dit de droit, est une situation dont les conséquences sont extrêmement maléfiques pour tous les rwandais.

-L’utilisation des hutu dans des travaux d’intérêt général (TIG) au bénéfice d’un groupuscule au pouvoir et dans des conditions humiliantes, sous la supervision d’un hutu de service est un geste cynique décrié même par des bénéficiaires de ces services, mais dont personne n’ose dénoncer à haute voix.

-Suppression pure et simple de l’usage du français, mesure anticonstitutionnel le, toujours dans le souci de casser toutes les générations de rwandais, à majorité hutu et des tutsi qui ont été formées dans des écoles et universités belges, françaises, et privilégier ainsi un groupe de rwandais venus des pays anglophones, principalement de l’Ouganda où le Président actuel Monsieur Paul Kagame était réfugié est une preuve suffisante que l’intérêt supérieur du peuple est le cadet des soucis du pouvoir actuel. »



Une discrimination « légale », caractéristique de l’apartheid

Comme en Afrique du Sud où un développement séparé entre Blancs et Noirs avait été institutionnalisé et cimenté par des lois, une situation similaire règne au Rwanda. Les Blancs d’Afrique du sud, du temps de l’apartheid, avaient mis sur pied des lois consacrant une politique de ségrégation raciale : loi sur l’habitation séparée (Group Areas Act du 27 avril 1950) ; loi sur les laissez-passer ('Pass Laws Act') de 1952, une sorte d’autorisation aux Noirs pour se rendre dans certains quartiers ; loi d'éducation bantoue (1953), concernant le programme scolaire des Noirs ; loi de relocalisation des indigènes (Native resettlement Act de 1954) qui permettait de déplacer les populations noires vivant en zones déclarées blanches ; loi sur le travail et les mines (1956), formalisant la discrimination raciale dans le monde du travail ; décret sur l'Afrikaans (1974), obligeant toutes les écoles, mêmes noires, à dispenser en afrikaans tous les enseignements de maths, de sciences sociales, d'Histoire et de géographie du niveau secondaire.

Même si comparaison n’est pas raison, les mêmes pratiques "légales" existent au Rwanda : pour être dans certains quartiers, il faut montrer patte blanche comme le port des souliers ; sans souliers, un rwandais ne peut aller dans les centres urbains ni dans les hôpitaux pour se faire soigner ni aller à la commune pour des services administratifs, ni aller au marché pour vendre sa récolte.

Les populations sont déplacées sous différents prétextes. Pour chasser les anciens propriétaires des centres urbains, des lois ont été édictées comme quoi dans tel ou tels quartier il faut des maisons avec X étages ou des villas de type hollywoodien. Celui qui ne peut pas s’y conformer doit céder sa parcelle aux "nouveaux riches". Sur les grands axes routiers du pays, la même chose est en train d’être appliquée avec la politique de villagisation par laquelle les autorités obligent le paysan à se construire une maison hors de ses moyens s’il veut rester dans sa propriété. Faute de satisfaire à ces conditions, il déguerpit. Les Travaux d’Intérêt Général (TIG) sont une forme d’esclavagisme. Toute personne proche du pouvoir peut réquisitionner des prisonniers, à vil prix, pour ses travaux personnels notamment dans le domaine du bâtiment.

L’introduction brutale de l’anglais dans les écoles ne vise entre autres qu’à retarder certains enfants dans leur éducation. En effet, les enfants de magnats du régime et leurs proches ne sont pas concernés par cette réforme car ils ont créé des écoles privées avec des programmes particuliers ; d’autres envoient leurs enfants faire leurs études à l’étranger pour échapper à cette réforme improvisée. Un enseignant, si brillant soit-il, ne peut pas transmettre des connaissances dans une langue qu’il ne maîtrise pas. Un enfant ne peut pas assimiler ses leçons données dans une langue qu’il ne maîtrise pas. Il y a donc une génération d’enfants rwandais qui est en train d’être sacrifiée.

L’expression « tout tutsi est rescapé » cache mal le racisme

Comme le fait remarquer Thaddée Kwitonda, le fait que tout tutsi est rescapé confère à celui-ci tous les avantages. Son enfant étudie gratuitement au niveau primaire et secondaire. Il a une bourse pour ses études supérieures et universitaires. Il bénéficie des aides du Fonds d’Aide aux Rescapés du Génocide (FARG) pour l’achat du matériel scolaire. Pour la santé, il a gratuitement sa mutuelle. Dans la nouvelle politique de villagisation, il a une maison mise à sa disposition, etc. Son compatriote hutu, lui, doit remuer ciel et terre pour trouver de l’argent pour payer les frais de scolarité de ses enfants. Pour des études supérieures, c’est la même galère. Pour la mutuelle, il doit trouver de l’argent pour sa cotisation. La mutuelle de santé est obligatoire. Non payée, c’est le dépouillement de tout bien de la famille pour le vendre aux enchères ou la prison. Au point de vue économique, des mesures ont été prises par le pouvoir en vue de réduire drastiquement le pouvoir d’achat du Hutu. L’homme d’affaires hutu se voit mettre les bâtons dans les roues jusqu’à ce qu’il ferme boutique.

Cette situation est vécue quotidiennement par une partie de Rwandais, devenus citoyens de seconde zone, mais personne n’en parle sous peine d’être condamné pour « idéologie génocidaire ». C’est durant les cérémonies de commémoration du 15e anniversaire du génocide que le président d’Ibuka, section Belgique, a, dans son discours, affirmé que tous les Tutsi sont des rescapés du génocide. Ses propos furent fustigés par une certaine partie de l’assistance, non pas parce qu’elle contestait ce fait, mais parce l'orateur venait de révéler le secret bien gardé du système FPR.

Quand des gens ne sont pas soignés, quand ils ne vont pas à l’école, quand ils sont chassés de leurs terres sous des prétextes divers, etc., ils sont voués, à la longue, à disparaître. Voilà la triste réalité du Rwanda d’aujourd’hui. Un développement séparé qui, chaque jour, produit des effets programmés par idéologues du FPR.