Friday, February 16, 2007

http://www.dailymotion.com/video/xvf1e_loin-du-rwanda- 1

Monday, February 12, 2007

LE CONFLIT RWANDAIS
Charles Nkurunziza


source
http://www.olny. nl/RWANDA/ Histoire_ History/C_ Nkurunziza_ Conflit_Rwandais .html


TABLE DES MATIERES
1.INTRODUCTION

2. LA NATURE DU CONFLIT RWANDAIS
2.1. Les parties en conflit.
2.1.1 Les Hutu
2.1.2 Les Tutsi
2.2. L’objet du conflit.
3. LE PROCESSUS CONFLICTUEL
3.1. La reconquête des royaumes Hutu.
3.1.1. Les femmes Tutsi
3.1.2. Le roi Tutsi munyiginya « serviteur »du roi Hutu
3.1.3. La provocation de mauvais sort
3.2. La soumission multiséculaire du serf Hutu au seigneur Tutsi
3.2.1. Les mythes et légendes
3.2.2. Le code ésotérique de la royauté
3.2.3. L’Ubuhake
3.2.3.1. La notion de l’Ubuhake
3.2.3.2. Les conséquences de l’Ubuhake
3.2.3.2.1 Sur le plan individuel
3.2.3.2.2. Sur le plan social
3.2.3.2.3. Sur le plan politique
3.3. Emancipation et Révolution de 1959
3.3.1. Radicalisation du conflit rwandais
3.3.2. Le Mouvement d’émancipation
3.3.3. La Révolution de 1959
3.4. Le Rwanda : République indépendante
3.4.1. Sous la Première République
3.4.2. Sous la Deuxième République
3.5. La guerre de reconquête du pouvoir avec toutes ses tragédies
3.5.1. Du début de la guerre par le FPR à la conclusion de l’Accord de Paix d’Arusha.
3.5.1.1 La guerre d’octobre 1990
3.5.1.2 Les changements institutionnels
3.5.2. L’Accord de Paix s’Arusha
4. LA CATASTROPHE D’AVRIL 1994
4.1. La guerre ultime de reconquête du pouvoir : préparatifs
4.2. Une guerre sauvage et très meurtrière
5. LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE
5.1. Sur le plan matériel
5.2. Sur le plan humain
6. LA SITUATION DEPUIS L’INSTALLATION DU FPR AU POUVOIR A KIGALI
6.1. Sur le plan politique
6.2. Sur le plan judiciaire
6.3. Sur le plan social
7. CONCLUSION



Lisez également:
LE CONFLIT RWANDAIS:Origines, Développement et Stratégies de sortie(Dr. Anastase Shyaka)

C. Nkurunziza
1. INTRODUCTION
La guerre de reconquête du pouvoir par le FPR-Inkotanyi qui a détruit le Rwanda et qui a abouti à la situation que le peuple rwandais vit aujourd’hui constitue à coup sûr, l’épisode la plus horrible du conflit rwandais à travers l’histoire de ce pays. Ici, la question qui vient évidemment à l’esprit est de savoir en quoi consiste ledit conflit. Le conflit rwandais est né à partir du moment où le Tutsi s’est engagé à ne jamais partager avec le Hutu dans son pays. Et toute l’histoire du Rwanda est depuis, construite sur cette terrible réalité.
Comme on le sait, la guerre de reconquête du pouvoir par le FPR au Rwanda aura fait verser trop de sang des rwandais, toutes les ethnies confondues, et les conséquences sur tous les plans sont incalculables. C’est sur cet ensemble de données qu’il va falloir réfléchir profondément, dans ce travail, pour dégager une vision commune de la réalité rwandaise. Dans cette réflexion, nous nous appuierons essentiellement sur « Les Aspects essentiels du problème rwandais », document réalisé par le Groupe Charles Nkurunziza (Bukavu, mai 1995)
2. LA NATURE DU CONFLIT RWANDAIS
Il va falloir ici définir les parties au conflit et l’objet de ce conflit.
2.1. Les parties en conflit.
Selon le document du groupe précité, l’histoire du Rwanda nous apprend que les trois ethnies qui peuplent le Rwanda sont arrivées dans ce pays par vagues successives. Les Twa ou les Pygmoïdes furent les premiers occupants ; ils vivaient de la chasse et de la cueillette. Suivirent ensuite les Hutu d’origine Bantoue ; ils constituaient le groupe numériquement le plus important et s’adonnaient avant tout à l’agriculture. Les Tutsi Hamites enfin, arrivèrent au Rwanda entre le XIIème et le XVème siècle ; ils se consacrèrent principalement à l’élevage de la vache à longues cornes. Dans cette étude, on remarquera que seuls les Tutsi et les Hutu sont concernés parce que les Twa avaient un statut tout à fait particulier dans la société rwandaise ; ils n’étaient pas considérés comme des personnes humaines à part entière.
2.1.1 Les Hutu

Un vieux de race Muhutu(Photo C. EEMAN in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)
D’origine Bantoue, les Hutu sont les défricheurs du Rwanda pour pouvoir y habiter et l’exploiter sur le plan de l’agriculture et de l’élevage en vue de se nourrir de façon satisfaisante. Ce sont les Hutu qui ont imposé à ce pays le nom de RWANDA, du verbe KWANDA signifiant « avoir la vocation de s’élargir, d’être grand ». Ce sont toujours ces Hutu qui l’ont, les premiers, politiquement organisé en y créant des royaumes par clan (Abagesera, Abazigaba, Abungura, Abacyaba,…).Le Rwanda était alors une véritable nation dans la quelle les royaumes indépendants étaient juxtaposés dans la paix. C’est dans ce contexte que le Tutsi est arrivé au Rwanda.
[N.d.l.r. Pour plus de détails sur l'ethnie Hutu lire: Les trois races, une étude ethnographique de l'Abbé Alexis Kagame]
2.1.2 Les Tutsi

Un vieux Mututsi(Photo R. BOURGROIS in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)
Les Tutsi Hamites sont arrivés au Rwanda derrière leurs troupeaux, en nomades. Ils étaient pacifiques, et par conséquent, ils ne furent pas repoussés par les autochtones trouvés sur place (Abasangwabutaka). C’est dans cette nouvelle ambiance que les nouveaux arrivants ont donné au roi Hutu des Bazigaba du Mubali le nom symbolique de Kabeja que l’histoire a retenu et qui signifie en langue hima (ka-beije = lessez-les venir). Le Mubali est la région rwandaise par laquelle les Tutsi du clan des Abanyiginya ont pris le premier contact avec le Rwanda. Après un certain temps d’errance, toujours derrière leurs troupeaux, ils se fixèrent enfin à Gasabo, au bord du lac Muhazi.
[N.d.l.r. Pour plus de détails sur l'ethnie Tutsi lire: Les trois races, une étude ethnographique de l'Abbé Alexis Kagame]
2.2. L’objet du conflit.
Installés à Gasabo, les Tutsi se sont organisés et ont créé un petit royaume, copie de ce qu’ils avaient trouvé sur place. C’est dans cette atmosphère qu’est née l’idée de conquérir les royaumes Hutu et d’exclure définitivement les Hutu de l’exercice du pouvoir au Rwanda. Comme on s’en aperçoit aisément, le conflit rwandais ne tient à autre chose qu’à l’interdiction absolue imposée au Hutu par le Tutsi, de participer à l’exercice du pouvoir, en le réduisant au rang de serf et d’esclavage. C’est sur ce conflit et sur ses divers aspects qu’a été construit l’essentiel de l’histoire du Rwanda.
3. LE PROCESSUS CONFLICTUEL
Depuis que les Tutsi Banyiginya se sont décidés à conquérir les royaumes pacifiques Hutu, l’histoire du Rwanda est essentiellement marquée par le conflit rwandais qui venait d’être déclenché. Le Hutu a été réduit au rang d’esclave et de serf, et cela pendant des siècles. Il a fallu l’émancipation et la révolution de 1959 pour que le Hutu retrouve sa liberté et jouisse de tous ses droits qu’il allait perdre hélas ! par suite à une tragique guerre de reconquête du pouvoir de 1990 par les fils des seigneurs Tutsi chassés du pouvoir par la révolution de 1959.
3.1. La reconquête des royaumes Hutu.
Pour les conquérants Tutsi Banyiginya, la destruction des royaumes Hutu a été une tâche de longue haleine, si bien que les dernières conquêtes furent réalisées par le colonisateur allemand tout au début du 20ème siècle dans les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi. Au cours des guerres de destruction des royaumes Hutu, les Tutsi Banyiginya ont utilisé des armes de natures différentes selon la situation du royaume Hutu dans le collimateur. C’est ainsi qu’en plus des armes classiques, les Tutsi Banyiginya se sont servis d’autres armes particulièrement efficaces suivantes :
3.1.1. Les femmes Tutsi
Lorsque le monarque Tutsi constatait qu’il ne pouvait pas vaincre le roi Hutu par les armes classiques, il cessait les combats et la guerre de conquête était oubliée momentanément pour faire croire à la situation pacifique entre les royaumes belligérants. Par la suite, le monarque Tutsi pouvait donner sa propre fille en mariage à l’ennemi qui ne se doutait de rien. La fille ainsi donnée en mariage avait une mission sacrée de tout faire pour faciliter à son père la tâche de tuer son mari avec tous les siens. C’est ainsi que le royaume de Nduga été conquis par les Tutsi Banyiginya. Après une longue et dure guerre de conquête contre le Nduga, le roi munyiginys Mibambwe I Sekarongoro a donné en mariage sa fille Nyirantorwa à Mashira, roi du Nduga avec une mission précise de faciliter l’assassinat de son mari par son père. Le projet fut exécuté comme il avait été préparé.
3.1.2. Le roi Tutsi munyiginya « serviteur »du roi Hutu
Lorsqu’un monarque Tutsi munyiginya constatait que le roi Hutu dans le collimateur était plus fort que lui, il se camouflait et se présentait à lui dans des conditions de serviteur et lui demandait d’être à son service. Le « serviteur » Tutsi était souvent préféré aux autres et entrait dans la vie quotidienne de son « maître ». A l’occasion jugée opportune, il l’assassinait purement et simplement. C’est ainsi que le roi Hutu Nzira du Bugara fut tué par Ruganzu-Ndori qui s’était présenté sous le pseudonyme de Cyambarantama et le royaume des Bagara fut annexé à celui des Banyiginya.
3.1.3. La provocation de mauvais sort
Le monarque Tutsi munyiginya faisait tout pour épouser une fille de la famille Hutu régnante. Après un arrangement criminel, la femme revenait dans sa famille et faisait tout pour avoir des rapports sexuels avec le Hutu régnant. Elle retrouvait son mari dès qu’elle était sûre d’être enceinte. L’enfant qui en naissait était évidemment le fils du roi, mari de la mère. C’ est cet enfant qui, un jour devenu grand, participait à une guerre d’agression contre le pays de son père biologique pour y être tué. Le sang ainsi versé provoquera un jour la destruction du royaume Hutu considéré, au profit du royaume Tutsi des Banyiginya.
Ce phénomène a existé notamment sous Yuhi II Gahima, monarque Tutsi munyiginya contre le royaume Hutu des Benengwe sous Samukende et sa femme Benginzage connue sous le surnom de Nyagakecuru. La nièce de Nyagakecuru mariée à Yuhi II Gahima a eu, après des arrangements avec son mari, des rapports sexuels avec le mari de sa tante. A terme, elle a mis au monde un garçon à qui on imposa un nom significatif de « Binama ». C’est ce dernier qui, devenu grand, alla verse son sang sur la terre des Benengwe pour faciliter tôt ou tard son annexion au royaume des Banyiginya.
3.2. La soumission multiséculaire du serf Hutu au seigneur Tutsi
Cette soumission du Hutu vaincu était le fruit des mythes et légendes des Tutsi Banyiginya ; elle était institutionnalisé e par le code ésotérique et matérialisée par le système d’Ubuhake.
3.2.1. Les mythes et légendes
Conscient de sa force très minime et du caractère essentiellement pacifique du Hutu (muntu), le Tutsi (hamite) s’est présenté à ce dernier comme, au cours des générations et au moyen de divers artifices, comme un être surhumain n’appartenant pas au commun des mortels. Le Tutsi a fait croire au Hutu qu’il était d’origine divine. Une légende veut que l’ancêtre des Banyiginya (Sabizeze) était né du cœur d’un bœuf porteur de bons augures (Imana yeze), qu’il était tombé du ciel (Kigwa), et que c’était lui qui avait tout inventé (Gihanga cyanhanze inka n’ingoma) ; que par conséquent il lui revenait de droit de régner sur le Rwanda, et d’y régner sans partage.
Après des guerres de conquête du pouvoir, les Hutu tombaient aisément dans les griffes du Tutsi. Ce fut la première manifestation du conflit rwandais. En effet, à partir de ce moment, le hamite nomade est devenu mu-tutsi du verbe de la langue rwandaise archaïque gutuka (bénir). [n.d.l.r. explication d'Alexis Kagame sur la signification et l'origine du terme "Mututsi"] Depuis, pour la culture hamite Tutsi du Rwanda, le Tutsi était celui qui avait était béni par des dieux, le comblant de biens et de bonheur (gutunga no gutunganirwa) devenant ainsi noble et seigneur. Tandis que les Hutu ainsi subjugés devaient changer leur statut juridique et social. Ils devenaient manants (hutu) et serf, à la disposition de leur seigneur pour lui offrir leurs forces, et en retour pouvoir subsister. [n.d.l.r. explication d'Alexis Kagame sur la signification et l'origine du terme "Muhutu"] Les monarques Hutu devaient céder leur titre de roi (umwami) au chef des Hamites pour devenir des Bahinza (maîtres des pluies et des récoltes).
3.2.2. Le code ésotérique de la royauté
Ce code ésotérique était à la fois une constitution dans le sens moderne du terme, et un ensemble de règles ‘regissant des pratiques occultes, mythiques et magiques (imitsindo) ; et l’application de ses dispositions requérait de nombreuses consultations divinatoires appropriées. Ce code de la dynastie des Banyiginya était composé de poèmes couvrant tous les domaines intéressant la dynastie. Chaque poème était confié à une famille et se transmettait de père en fils à travers des générations. L’ensemble des détenteurs de ces poèmes constituait le collège des biru qui étaient des conseillers spéciaux du pouvoir sous l’autorité d’un doyen ou grand mwiru intronisateur, nécessairement du clan des Abatsobe. Les familles matri-dynastiques (Abega par exemple) étaient exclues de la connaissance du code ésotérique. L’accès au code ésotérique de la Reine Mère Nyiramavugo II Nyiramongi du clan des Abega fut la cause lointaine des événements tragiques de Rucunshu.
Le code ésotérique étant l’âme du système politique des Banyiginya, le conflit rwandais en est l’émanation. En effet, ce code avait placé le pouvoir au dessus de tout, même de la vie. Aux termes de ce code, l’exercice du pouvoir était la prérogative exclusive du roi munyiginya, prérogative qui se transmettait de père en fils. Le roi munyiginya exerçait un droit absolu de vie et de mort sur ses sujets ; il devait par conséquent mettre à mort quiconque pouvait y prétendre sans remplir les conditions du code ésotérique. Signalons en passant, que tuer pour le maintien du pouvoir était un devoir sacré pour le monarque munyiginya. Il lui était strictement interdit d’abdiquer. Si le cas devait se présenter, il devait se donner la mort ; et ainsi permettre que le pouvoir reste dans sa lignée (Kwitangira ingoma) [n.d.l.r. Alexis Kagame donne l'exemple de Ruganzu I Bwimba (vers 1400) qui se sacrifia pour éviter que son royame soit annexé par le Gisaka rival].
C’est pourquoi, lorsqu’un monarque tutsi tuait un roi hutu qui lui résistait, il devait le mutiler et orner le tambour - emblème de la dynastie – de ses organes génitaux pour signifier que le royaume hutu en question était, mythiquement et définitivement, éteint. Le Hutu était, comme on l’a vu, réduit à la condition de sous-homme au service de son seigneur. C’est le sens des vers suivants, extraits d’un vieux poème dynastique : « Harabaye ntihakabe Hapfuye imbwa n’imbeba Hasigara inka n’ingoma » ;signifiant, tout simplement, qu’après une lutte acharnée, les chiens et les rats on fini par céder leur place à la vache et le tambour. En d’autres termes, les royaumes Hutu ont été, finalement, définitivement conquis par le Tutsi. Comme on le voit, c’est le code ésotérique qui a radicalisé cette situation pour toujours.
3.2.3. L’Ubuhake
De toutes les armes que le Tutsi a utilisées pour réduire le Hutu à l’esclavage, la plus redoutable et la plus efficace fut le système d’Ubuhake.
3.2.3.1. La notion de l’’Ubuhake
C’était un système de relations sociopolitiques entre des individus ou, même, entre des institutions. Il était l’inspiration du contrat d’Ubugererwa des royaumes Hutu dont il est différent quant à son objet et à son but. L’objet de l’ Ubuhake était la vache au lieu d’être la terre, et il avait lieu entre deux personnes se trouvant aux rangs sociaux différents. Le plus puissant s’engageait à protéger le faible ainsi que tous les siens dans toutes les circonstances et pour autant que leurs relations d’Ubuhake n’étaient pas définitivement interrompues. L’autre partie, quant à elle, s’engageait à exécuter parfaitement tous les ordres reçus de son protecteur. Par cet engagement, le protégé cessait de s’appartenir ou d’appartenir à sa famille pour devenir l’homme à la disposition de son patron.
Signalons qu’en réalité, la vache ainsi reçue restait partie intégrante de la propriété du seigneur, le Mugaragu n’en étant que simple usufruitier. C’est-à-dire que, sous n’importe quel prétexte, le Shebuja pouvait reprendre toutes les vaches que le Mugaragu détenait. Même quiconque propriétaire de vaches obtenues en dehors d’Ubuhake (imbata) pouvait se les voir dépouiller par un plus puissant, sans la possibilité d’aucun recours. Quand la situation allait bien, la relation entre les deux parties était héritée dans le même ordre, de père en fils pendant des générations entières.
3.2.3.2. Les conséquences de l’’Ubuhake
L’institution de l’Ubuhake a produit des conséquences particulièrement graves sur les plans individuel, social et politique.
3.2.3.2.1 Sur le plan individuel
Par le truchement de l’Ubuhake, le Tutsi voulait faire du Hutu un type d’hommes assujetti et essentiellement voué à son service. Sur ce plan individuel les conséquences furent :
a)L’égocentrisme (inda nini)
Ainsi asservi, le Hutu devait depuis, dépenser ses forces quotidiennement, au profit du seigneur Tutsi pour avoir de quoi « mettre sous la dent ». Ainsi, pendant des générations, le Hutu n’ayant d’autres préoccupations que son « ventre », a fini par acquérir pour de bon le caractère d’égocentrisme incompatible avec la gestion des affaires de la communauté. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' corrobore cette constatation].
b)Le manque de clairvoyance et de présence d’esprit (kutibaza-kudashisho za)
Tout au long de son éducation, le futur seigneur Tutsi était quotidiennement soumis à des exercices physiques (guhamiliza) militaires (kumasha), il était associé à des jeux favorisant le développement mental et intellectuel tel que le Gisoro ainsi qu’à des séances spéciales pour acquérir des mécanismes de l’art oratoire (gutarama) nécessaires dans l’exercice du pouvoir.
Tandis que le jeune Hutu du même âge, à l’instar de son père ou au secours de celui-ci, devait s’occuper chaque jour des travaux durs, fatigants et de toute autre sale besogne que la famille du seigneur dédaignait. Les activités d’ordre intellectuel constituaient la moindre de ses préoccupations, et cela pendant des siècles. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' corrobore cette constatation]. C’est ce qui explique pourquoi, souvent le Hutu n’a pas toujours discerné les pièges (amayeri) que le Tutsi lui a tendus pendant des générations entières. Les exemples abondent dans l’histoire du Rwanda.
c)Une peur irraisonnée, permanente et traumatisante (Umususu)
C’était une peur constante inspirée par tout ce que le seigneur Tutsi, en sa qualité de propriétaire de la personne du Hutu, pouvait faire de mal à son esclave sans défense. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' (dernier paragraphe) corrobore cette constatation]
De tout ce qui précède l’on se rend aisément compte que le Hutu est devenu, au cours des siècles un robot au service de son seigneur. Il lui faut beaucoup de temps et de patience et surtout de détermination pour reconquérir sa qualité d’homme.
3.2.3.2.2. Sur le plan social
Le système d’Ubuhake était le fondement essentiel des relations sociales dans les Rwanda ancien. De nos jours ses séquelles se font encore ressentir. Les relations entre Hutu et Tutsi étaient nécessairement basées sur l’Ubuhake ; pour le Tutsi, le Hutu devait être naturellement à son service. A la limite, l’inverse était concevable: un Tutsi pouvait se constituer un umugaragu du Hutu - muhinza – mais à court terme et pour un objectif bien déterminé. C’est dire que lorsque le Tutsi n’avait pas réussi à éliminer le Muhinza par les armes, ou qu’il ne l’avait pas pu en lui donnant sa fille en mariage, il se rapprochait de lui sous les apparences d’un umugaragu, en vue de le faire disparaître sans difficultés. C’est ce que Ruganzu II Ndoli a fait sous le pseudonyme de Cyambarantama, pour tuer le dernier monarque du Bugara, Nzira. [n.d.l.r.lire l'histoire du roi Ruganzu II Ndoli].
Plus près de nous encore, pour ne parler que de cela, quand le Général Major Juvénal Habyarimana a accédé à la tête de l’ Etat, le Tutsi s’est approché de lui de telle sorte qu’il était devenu le vrai détenteur du pouvoir. Un proverbe rwandais dit, à ce sujet que « lorsque tu loges le Tutsi au cœur de ton foyer, il t’enlève ta femme » (umututsi umusembereza ikweru akaguca haruguru).
La vérité sur ce qu’il cherchait à obtenir a été révélée en 1980 lors de ce qu’il a été convenu d’appeler « Affaire Lizinde ». Monsieur Lizinde, alors chef de service du renseignement et auteur du livre La découverte de Kalinga ou la fin d’un mythe, a dénoncé le danger que constituait l’emprise des Tutsi sur le pouvoir républicain. Il fut accusé à son tour, et pour cette cause, de nourrir des ambitions pour renverser le pouvoir en place. A partir de son moment, les Tutsi jurèrent de prendre le pouvoir par la force.
Par ailleurs, le système d’Ubuhake avait atteint un tel degré de perversion que le mugaragu était plus fier d’être esclave de son maître Tutsi que d’être fils de son père biologique. Cela devait se concrétiser dans la conduite de tous les jours. C’est ainsi qu’un Hutu au service d’un seigneur Tutsi était apprécié dans ses agissements en fonction de la bravoure ou de la médiocrité de son maître.
Dans certains cas, lorsqu’une famille de Hutu (au sens large) avait donné des bagaragu à une autre famille de Tutsi pendant des générations, la première abandonnait son clan d’origine pour adopter celui de la deuxième (Abanyiginya, Abega, Abageserab’Abazirank ende) mais sans pour autant devenir Tutsi. Même au cas de mariage, le Hutu gendre du Tutsi pouvait bénéficier de beaucoup de faveurs mais jamais il ne pouvait changer de statut pour devenir Tutsi. Pour le Tutsi, la nature des choses était telle que le Hutu pouvait atteindre un certain degré de perfection, mais jamais égaler le Tutsi (zirungwe zange zibe isogo!) [n.d.l.r. Sur ce point, Alexis Kagame confirme qu'un Hutu pouvait devenir 'politiquement' Tutsi en acquérant ds richesses bovine mais qu'il restait 'racialement' (i.e. ethniquement) Hutu. Cfr. paragraphe 33 de Les trois races].
Dans les relations d’Ubuhakee, le mensonge et l’intrigue étaient les règles du jeu substantielles. En effet, l’action de guhakwa comportait entre autres pratiques, pour le mugaragu, à dire à son maître des choses agréables à l’oreille, même s’il s’agissait des contre -vérités, pourvu qu’il soit attentivement et favorablement écouté (ukuli wabwiye shobuja niko umuhakishwaho).Pour cela, le mugaragu devait couvrir son seigneur de louanges en évoquant ses actes de bravoure, mais surtout en compliquant au moyen des intrigues souvent cruelles, la vie d’un ou des collègues bagaragu adversaires pour rester seul dans les faveurs du seigneur.
Mais ces manoeuvres constituaient une armes à double tranchant : en cas de découverte, le coupable recevait un châtiment exemplaire ; au niveau de la Cour, il était souvent mis à mort, car, comme dit un proverbe rwandais, « le mensonge est celui dont l’auteur est convaincu de la culpabilité » (ikinyoma ni igitsinzwe).
Signalons enfin qu’en cas de commise féodale (kunyaga ukeza, kwunûra)contre un chef, par exemple par suite d’une faute grave, ses vaches étaient transférées à un autre chef avec l’ensemble des bagaragu sous ses ordres (le ban et l’arrière-ban) . Ceci pour signifier tout simplement que l’homme était subordonné à la vache.
Voilà, en résumé, en quoi le système d’Ubuhake a façonné les relations sociales dans le Rwanda ancien. On aura remarqué aisément, que les traits caractéristiques du système n’ont pas encore totalement disparu de la vie des rwandais à l’heure actuelle.
3.2.3.2.3. Sur le plan politique
L’Ubuhake, institution fondamentale de la monarchie féodale, avait créé au niveau le plus élevé dans chaque région du pays une pyramide de chefs représentant le pouvoir central (le Mwami). C’est ainsi qu’on retrouvait dans chaque région un chef des terres (umutware w’ubutaka), un chef des pâturages (umutware w’umukenke), et au dessus de tous, un chef de l’armée (umutware w’ingabo), représentant le Mwami en tout. Au sommet de tout le système, trônait le Mwami avec des pouvoirs exorbitants dont le droit de vie et de mort sur tous ses sujets.
Par ailleurs, pour jouir de ses droits, tout rwandais devait appartenir à une armée comme il devait avoir un shebuja dans des conditions que l’on sait. Du coup, tout citoyen rwandais appartenait à l’armée de son shebuja. C’est aussi dans ces conditions qu’il pouvait jouir du droit d’ester en justice au niveau des chefs et de la Cour et avec l’assistance de son shebuja. Quiconque propriétaire de vaches obtenues en dehors d’Ubuhake (imbata) pouvait se les voir dépouiller par un plus puissant, sans la possibilité de recourir à la protection d’un plus puissant encore.
Voilà en quelques lignes le système d’ Ubuhake, véritable base de la dynastie des Banyiginya, qui a joué un rôle considérable dans l’assujettissement du Hutu et, par conséquent, dans la création du conflit rwandais. C’est dans cet état de choses que l’étranger européen est arrivé au Rwanda.
3.3. Emancipation et Révolution de 1959
3.3.1. Radicalisation du conflit rwandais
C’est avec l’arrivée des colonisateurs que le conflit rwandais s’est radicalisé. En effet, c’est le belge qui, à la demande des seigneurs Tutsi, a décidé que l’appartenance ethnique soit obligatoirement mentionnée dans le livret d’identité parce que les droits étaient attachés à l’ethnie. Ce fut ainsi que selon Monseigneur Classe, « seul le Tutsi qui de par ses qualités supérieures et son sens de commandement, était bien indiqué pour gouverner sans partage le Rwanda ». C’est dans cette ambiance que le Groupe Scolaire d’Astrida a été fondée pour former des jeunes Tutsi (indatwa) destinés à succéder à leurs pères ; tandis que les jeunes Hutu devaient se contenter du catéchuménat, des écoles artisanales, etc. Exceptionnellement, les enfants Hutu pouvaient être admis à fréquenter les écoles de moniteurs et des séminaires.
A cette époque, l’institution de l’Ubuhake a aussi beaucoup évolué. L’ Ubuhake n’était plus qu’un simple contrat de clientélisme entre le Hutu et le Tutsi que le colonisateur a compensé par l’instauration de la corvée (akazi) et de la taille (uburetwa), auquel le Hutu était soumis au profit du seigneur Tutsi et du colonisateur. Le manquement à ces deux nouvelles obligations était sanctionné par la bastonnade (ikiboko)et la prison (umunyururu). Mais pour l’Administration belge, un Hutu qui parvenait à posséder 20 vaches au moins, accédait automatiquement au statut de Tutsi (kwihutura) et était automatiquement exempté de l’obligation de la corvée et de la taille. [n.d.l.r. Sur ce point, Alexis Kagame confirme qu'un Hutu pouvait devenir 'politiquement' Tutsi en acquérant des richesses bovines mais qu'il restait 'racialement' (i.e. ethniquement) Hutu. Cfr. paragraphe 33 de Les trois races]. C’est dans cette ambiance que le mouvement de l’émancipation du Hutu allait naître et conduire le pays à la Révolution.
3.3.2. Le Mouvement d’émancipation
Tout a commencé par l’élaboration par la puissance tutrice, d’un plan décennal qui, tenant compte des progrès jusque là réalisés, prévoyait une série d’actions à mener au cours de la décennie suivante. C’est dans ce cadre que fut pris le décret du 14 juillet 1952 portant réorganisation du Ruanda-Urundi, texte qui prévoyait notamment l’élection des conseillers à tous les échelons du pouvoir. Quelques rares Hutu qui avaient fréquenté l’école commençaient à manifester leurs idées démocratiques. C’est dans ce contexte que l’administration tutrice contraignit le Mwami Mutara III Rudahigwa à nommer des Hutu aux postes de sous-chefs et surtout à supprimer pour l’avenir, l’institution d’Ubuhake qui ne correspondait plus à l’évolution des choses de l’époque.
Au cours de l’année 1954, le Mwami, sous pression du colonisateur, prit une décision capitale de supprimer le système d’ Ubuhake en ordonnant qu’il y eût un partage de vaches détenues par le mugaragu, entre celui-ci et son shebuja. [n.d.l.r. L'opposition des nobles Tutsi - grands bagaragu de l’Ibwami- est explicitement exprimée dans un écrit datant du 18 mai 1958 connu sous le titre de 'Deuxième écrit de Nyanza']. Il y eut beaucoup de réactions négatives dans les milieux conservateurs Tutsi, mais un pas de géant venait d’être fait dans la libération du Hutu. Quelques temps plus tard, ce fut le tour de la corvée à être supprimée dans les mêmes conditions. Mais les Tutsi conservateurs se liguèrent pour combattre cette évolution pourtant irréversible. Les leaders Hutu acquis aux idéaux démocratiques réagirent en publiant en date du 24 mars 1957 un document resté célèbre intitulé le « Manifeste des Bahutu ». Dans ce document, pour la première fois le système féodo-monarchiste était publiquement mis en cause et la question Hutu-Tutsi posée clairement ; le conflit rwandais y était bien circonscrit et des solutions concrètes proposées.
3.3.3. La Révolution de 1959
En réponse au « Manifeste des Bahutu », les grands serviteurs Tutsi de la cour alors présents à Nyanza au nom de leurs congénères réagirent très négativement, par une lettre du 17 mai 1958 adressée au monarque d’alors. Dans cette lettre, les auteurs déclaraient que les Tutsi et les Hutu n’avaient rien de commun. Ils écrivaient en substance ce qui suit :
…comment les Bahutu réclament maintenant leurs droits au partage du patrimoine commun. Ceux qui réclament le partage du patrimoine commun sont ceux qui ont entre eux des liens de fraternité. Or les relations entre nous (Batutsi) et eux (Bahutu) ont été de tous temps jusqu' à présent basées sur le servage ; il n'y a donc entre eux et nous aucun fondement de fraternité. En effet quelles relations existent entre Batutsi, Bahutu et Batwa ? Les Bahutu prétendent que Batutsi, Bahutu et Batwa sont fils de KANYARWANDA, leur père commun. Peuvent-ils dire avec qui Kanyarwanda les a engendrés, quel est le nom de leur mère et de quelle famille elle est ? Les Bahutu prétendent que Kanyarwanda est père des Batutsi, Bahutu et Batwa ;or nous savons que Kigwa est de loin antérieur à Kanywarwanda et que conséquemment Kanyarwanda est de loin postérieur à l' existence des trois races Bahutu, Batutsi et Batwa, qu? il a trouvées bien constituées. Comment dès lors Kanyarwanda peut-il être père de ceux qu? il a trouvés existants ? Est-il possible d' enfanter avant d'exister ? Les Bahutu ont prétendu que Kanyarwanda est notre père commun, le « Ralliant » de toutes les familles Batutsi, Bahutu et Batwa : or Kanyarwanda est fils de Gihanga, de Kazi, de Merano, de Randa, de Kobo, de Gisa, de Kijuru, de Kimanuka, de Kigwa.Ce Kigwa a trouvee les Bahutu dans le Rwanda. Constatez donc, s'il vous plaît, de quelle façon nous, Batutsi, pouvons être frères des Bahutu au sein de Kanyarwanda, notre grand père. L'histoire dit que Ruganzu a tué beaucoup de « Bahinza »(roitelets). Lui et les autres de nos rois ont tué les Bahinza et ont ainsi conquis les pays des Bahutu dont ces Bahinza étaient rois. On en trouve tout le détail dans l' « Inganji Kalinga ».Puisque donc nos rois ont conquis le pays des Bahutu en tuant leurs roitelets et ont ainsi asservi les Bahutu, comment maintenant ceux-ci peuvent-ils prétendre être nos frères ? [ N.d.l.r. Lire l'entiéreté de l'écrit connu sous le titre de 'Voici le détail historique du règne des Banyiginya au Rwanda']
Par conséquent, les Hutu devaient rester soumis aux Tutsi comme toujours. Dans ces conditions, il ne manquait qu’une occasion pour déclencher la révolution. Le processus révolutionnaire a été accéléré par la mort inopinée du Mwami Mutara III Rudahigwa sans descendance et sa succession par son demi-frère Kigeli IV Ndahindurwa dans des circonstances restées obscures. [ N.d.l.r. Lire: 'La mort de Mutara III et l’ avènement de Kigeli V' par M. A. Maus, colon belge et membre du Conseil Spérieur du Pays. Selon lui, l'accession du Mwami Kigeri V Ndahindurwa au trône est un coup d'Etat. ] A l’avènement de celui-ci, des assassinats furent organisés pour intimider et décourager les leaders Hutu, mais sans succès. La goutte qui devait faire déborder le vase fut l’agression en date du 1 novembre 1959, par des jeunes gens Tutsi contre un sous-chef Hutu de Ndiza, Dominique Mbonyumutwa. La Révolution était déclenchée. Celle-ci a essentiellement consisté dans le soulèvement massif du peuple rwandais contre des structures féodales multiséculaires qui avaient écarté le Hutu de la participation à l’exercice du pouvoir dans son pays, en le réduisant à la condition d’esclave pour le compte du Tutsi. Les Tutsi extrémistes qui n’acceptaient pas les changements démocratiques se sont exilés à l’étranger pour y organiser des attaques terroristes.
Les élections démocratiques organisées aux mois de juin - juillet 1960 ont confirmé la situation en donnant une majorité écrasante (Bourgmestres et Conseillers Communaux) au Parti du Mouvement de l’Emancipation Hutu (PARMEHUTU), mais toujours, dans le cadre de la monarchie. C’est dans ce contexte que feu Président Grégoire Kayibanda, alors président du MDR PARMEHUTU, forma un gouvernement provisoire ; c’était le 26 octobre 1960. A cette occasion il devait notamment déclarer :
C’est aujourd’hui en effet, qu’un gouvernement représentatif et un parlement également représentatif sont mis en place. Aujourd’hui la démocratie, la démocratie libératrice a vaincu la féodalité, la féodalité, sous quelque forme qu’elle soit, sous quelque forme qu’elle puisse être, elle est vaincue définitivement, elle est abolie définitivement, nous la rejetons définitivement.
Une solution au conflit rwandais était encore une fois trouvée et proclamée solennellement : la démocratie.
Le nouveau Mwami avait quitté le Rwanda depuis avril 1960 et un problème institutionnel grave était aussi posé. Le gouvernement alors mis en place convoqua tous les élus du peuple en congrès à Gitarama pour leur demander de se prononcer sur une formule définitive qui convenait au pays compte tenu de l’évolution de la situation. C’était le 28 janvier 1961.Tous les Conseillers Communaux, tous les Bourgmestres, les Députés et les membres du Gouvernement Provisoire réunis en ce jour mémorable, décidèrent l’abolition de la monarchie et proclamèrent la République. Notre pays allait s’appeler, depuis, la « REPUBLIQUE RWANDAISE » régie par des institutions démocratiques avec un drapeau rouge, jaune et vert comme emblème de la Nation.
C’est cet évènement que, consciemment ou non, certains milieux ont désigné sous l’expression de « Coup d’Etat de Gitarama » oubliant qu’il s’agissait d’une oeuvre réalisée par les représentants du peuple rwandais. Cette décision des élus du peuple rwandais allait, à la demande des adversaires de la démocratie, être confirmée par le peuple lui-même lors du Référendum organisé et supervisé par l’Organisation des Nations Unies en date du 25 septembre 1961.
3.4. Le Rwanda : République indépendante
Comme on l’a vu, les ennemis du peuple rwandais n’ont jamais accepté la meilleure solution au conflit rwandais. Ils ont toujours combattu la démocratie. Sous la I ère et la II ème Républiques, ils n’ont fait que changer de stratégies selon la conjoncture du moment jusqu’au déclenchement de la guerre d’octobre 1990.
3.4.1. Sous la Première République
Le problème Rwandais est concrétisé par une série de guerres de reconquête du pouvoir par les anciens seigneurs féodo-monarchiques.
Depuis la victoire de la République démocratique, le Rwanda a été victime de nombreuses agressions terroristes des Inyenzi en provenance des pays limitrophes. Chaque fois, les complices de l’intérieur devaient payer de leur vie, et les agresseurs en profitaient pour accuser les Hutu des crimes de génocide. A ce sujet, feu le Président de la République Grégoire Kayibanda a, à plusieurs reprises, invité les Inyenzi
Les vies humaines qui malgré notre vigilance ont péri par terrorisme ne gagnent rien à être couvertes par les bruits de vos calomnies à l’égard du Gouvernement de la République.
Qui est génocide ?
Posez-vous honnêtement la question et répondez-y du fond de votre conscience.
Les Tutsi restés au pays qui ont peur d’une fureur populaire que font naître vos incursions sont-ils heureux de vos comportements ?
Qui est génocide ?
Ceux qui vous appuient et financent vos menées terroristes et fratricides vous rappellent-ils que les Bahutu ne se laisseront jamais malmenés, et qu’à vos coups, ils n’entendent pas du tout opposer un héroïsme qui serait d’ailleurs de mauvais aloi.
Qui est génocide ?

Les Inyenzi n’ont jamais entendu cet appel. Au contraire, ils ont multiplié leurs aventures meurtrières jusqu’en 1967, année au cours de la quelle ils ont lancé leur dernière attaque de la série contre le peuple rwandais. Ils ont dû faire un constat amer selon lequel ils ne pouvaient pas arracher au peuple un pouvoir chèrement et démocratiquement acquis. A partir de ce moment, les Inyenzidécidaient d’arrêter leurs attaques pour un certain temps mais sans abandonner l’idée de reprendre le pouvoir au Rwanda. Ils allaient changer de stratégie et s’organiser, en vue d’atteindre un jour, leur objectif ; ce qu’ils firent sans attendre. Ils allaient profiter d’une situation de crise grave qui caractérisa la fin des années 60.
En effet, suite à une divergence entre la vielle classe dirigeante et une nouvelle génération de dirigeants rwandais, divergence qui devait conduire au phénomène néfaste de division très grave au sein de la classe politique baptisé alors « Guta umurongo », le Rwanda allait être sérieusement secoué pendant un certain temps.
Les Tutsi devaient donc saisir cette occasion pour s’infiltrer dans tous les secteurs de la vie nationale (fonction publique, entreprises publiques et privées, écoles, Université Nationale etc.), et surtout pour détourner l’attention des jeunes dirigeants Hutu en leur donnant leurs filles en mariage. En agissant de la sorte, il est évident que les Tutsi ne cherchaient pas à contribuer à résoudre le conflit rwandais, mais plutôt à endormir les dirigeants Hutu pour reprendre le pouvoir le moment venu. Le procédé était devenu classique. La découverte de toutes ces manoeuvres et les actes de génocide contre les Hutu du Burundi en 1972 provoquèrent des troubles que connut le Rwanda au cours des années 1972-1973. Signalons que lesdits troubles se sont produits au moment où les Inyenzi se préparaient à lancer de nouvelles attaques contre le Rwanda, en provenance surtout du Burundi et de l’Ouganda. C’est pour mettre fin à ces troubles qu’un groupe d’officiers supérieurs de la Garde Nationale sous la conduite du Général Major Juvénal Habyarimana prit le pouvoir en date du 5 juillet 1973. La Deuxième République venait de voir le jour.
3.4.2. Sous la Deuxième République
A la naissance de la IIème République, ses fondateurs s’étaient assignés la mission de mettre fin aux troubles ethniques qui secouaient le pays depuis plusieurs mois. Mais en plus, ils nourrissaient une noble ambition de créer et maintenir un climat de Paix et d’unité nationale, véritables bases d’un Développement harmonieux et durable. Trois mots clés qui allaient constituer la devise du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND). Effectivement, dans le cadre du MRND, le Rwanda connut, à ne pas en douter, un développement socio-économique sans précédent de son histoire. Pour concrétiser cette unité nationale, le peuple rwandais était confondu avec le Parti MRND. Dans ce cadre, et sous certaines conditions impliquant la réconciliation et la démocratie, le conflit rwandais allait encore une fois trouver une solution. Mais cette solution n’a pas pu véritablement voir le jour parce que, comme toujours, le Tutsi n’y tenait pas.
En effet, comme cela a été dit plus haut, le Tutsi n’a jamais abandonné l’idée de récupérer le pouvoir et de l’exercer sans partage. Comme toujours dans de pareilles conditions, profitant de ce climat de paix et d’unité nationale (le Hutu y croyait très profondément) , le Tutsi a réussi à s’infiltrer dans les plus hautes instances de l’Etat (guhakwa) pour prendre le pouvoir à l’aise au moment qu’il jugera le plus opportune.
Feu le Président Juvénal Habyarimana et son entourage immédiat étaient devenus, pendant des années, des otages du Tutsi. Ce dernier était parvenu à contrôler tout le secteur économique, tandis que le Hutu s’esquintait quotidiennement dans des activités de routines administratives sans lendemain. Il a fallu attendre la crise de 1980 (Affaire Lizinde) pour découvrir les desseins sataniques du Tutsi. Suite à la découverte de leurs manoeuvres lors de l’éclatement de l’Affaire Lizinde, les Tutsi décidèrent de s’emparer du pouvoir au Rwanda par la force. C’est ce qu’ils tentèrent de faire, à la chute du dictateur ougandais Idi Amin Dada. Mais cette attaque n’a pas eu lieu parce qu’il y eut conflit de génération au sein des Inyenzi mêmes. Ce sont les vieux qui voulaient attaquer, tandis que les jeunes estimaient que c’étaient trop tôt. Ils eurent raison. Par ailleurs, Museveni avait besoin de leur concours pour conquérir l’Ouganda, il s’étai engagé à les aider à leur tour à conquérir le Rwanda. Le pacte fatal pour le Rwanda était conclu. En effet, depuis que Museveni a pris le pouvoir à Kampala, les Tutsi ont été mis très à l’aise. Ils pris tout leur temps pour préparer la guerre de reconquête du pouvoir au Rwanda, par des entraînements massifs, des achats d’armes et par l’intoxication de l’opinion internationale par tous les moyens. Museveni qui, au cours de sa guerre de conquête de l’Ouganda avait bénéficié d’un appui substantiel du gouvernement rwandais, faisait croire partout que le Rwanda ne pouvait, en aucun cas, être envahi de l’Ouganda. Les autorités rwandaises y ont cru alors même que des actes de reconnaissance et de sabotage, de la part de l’armée ougandaise, étaient de plus en plus nombreux sur le sol rwandais, surtout du côté de la frontière nord-est.
A partir d’un certain temps, les Tutsi, naguère, trouvaient en Habyarimana leur sauveur pour avoir supprimé le PARMEHUTU, apporté paix aux Tutsi et unité à tout le peuple rwandais, se mirent à décrier sa dictature imposée au peuple rwandais au sein du MRND ainsi que tous les obstacles opposés par le régime en place au retour des réfugiés Tutsi. Les fils des Inyenzi étaient donc déterminés à intervenir militairement pour « libérer » le peuple rwandais de ladite dictature et pour permettre aux réfugiés de regagner leur patrie. Quel prétexte ! Signalons ici que, pour le Tutsi, le concept de dictature découle de l’idée qu’il se fait de lui-même. En effet, étant né pour commander (kuvukana imbuto), culturellement le Tutsi considère que tout ce qui se fait sans lui ou en dehors de lui n’a aucune valeur. C’est ainsi que la Révolution de 1959 n’en fut pas une (ce fut plutôt le début des massacres !) et que la gestion des affaires de l’Etat par la majorité du peuple rwandais, pendant plus de trente ans, fut qualifiée de médiocre parce que dictatoriale. Il appartient à l’Histoire de juger. [ N.d.l.r. Lire 'L' Histoire des Rois que supposent les Poèmes Episodiques. .. ' ( 6 & 7) où Alexis Kagame donne l'exemple de la période de "veuvage" (occupation par les Banyabungo) entre les règnes de Ndahiro II Cyamatare (vers 1550) et son successeur Ruganzu II Ndoli(vers 1580).] En ce qui concerne le problème des réfugiés Tutsi, il faut rappeler ici qu’après de multiples tractations, ce problème avait déjà trouvé une solution appropriée. C’est dans ce cadre qu’il fut convenu que les réfugiés pouvaient visiter le Rwanda pour se rendre compte de ses possibilités d’accueil (occasion sans pareilles pour des opérations de reconnaissance par le FPR) pour leur permettre, en définitive, soit de venir s’installer au Rwanda, soit de rester à l’étranger avec des facilités de visiter les familles se trouvant au Rwanda, soit enfin, d’acquérir une nouvelle nationalité, tout en jouissant des mêmes facilités. [ N.d.l.r. Lire 'Commentaires d'Edouard Karemera sur « Rwanda, le droit à l'espoir », livre écrit par le Général de Brigade Leonidas Rusatira ' (titre 3, paragraphes 3.1 et 3.2). En contredisant Léonidas Rusatira, Edouard Karemera, ancien ministre et membre du comité central du MRND à l'époque du monopartisme, éclaire le lecteur sur la position du gouvernement rwandais au sujet du retour des réfugiés Tutsi.] Ainsi donc, après s’être bien préparés et équipés et avec le concours maximum de l’Ouganda, les jeunes Tutsi, membres de la NRA (National Resistance Army, armée ougandaise) estimant que le moment était venu, déclenchèrent une guerre d’agression contre le Rwanda en vue de reconquérir le pouvoir. C’était le 01/10/1990. Ce fut la fin d’une époque.
3.5. La guerre de reconquête du pouvoir avec toutes ses tragédies
C’est en fait la dernière épisode d processus conflictuel au Rwanda qui a abouti à la tragédie la plus grave de l’histoire du pays, et où le problème rwandais s’est posé avec plus d’acuité que jamais. L’absence de volonté ou plutôt le refus délibéré du Tutsi de trouver une solution appropriée au dit problème a entraîné le démantèlement de la nation rwandaise toute entière. Cette épisode a, jusqu’à ce jour, connu deux phases : la phase qui va, précisément, du déclenchement de la guerre à la conclusion de l’Accord d’Arusha, et celle qui débute avec la reprise des hostilités en date du 06 avril 1994.
3.5.1. Du début de la guerre par le FPR à la conclusion de l’Accord de Paix d’Arusha.
Sous le prétexte mis en évidence plus haut, les fils des Inyenzi membres de la NRA déclenchèrent, contre le Rwanda, une guerre d’agression sous la dénomination de Front Patriotique Rwandais (FPR-Inkotanyi) ; c’était le 1er octobre 1990. Depuis, rien n’a plus été comme avant dans la vie des rwandais. En effet, jusqu’à cette date et depuis plusieurs années, le Rwanda était devenu selon la Banque Mondiale, un modèle de développement intégral dans toute la région sub-saharienne. Les ethnies vivaient en une symbiose telle que dans certains cas, la confusion était totale. D’aucuns croyaient que les ethnies comme telle étaient en voie de disparition. Mais comme on l’a vu, le Tutsi n’y croyait pas. Il a plutôt profité de ce contexte pour s’infiltrer dans les hautes instances de l’Etat pour les renverser le moment venu. Depuis le déclenchement de cette maudite guerre donc, non seulement les relations entre rwandais ont été bouleversées mais aussi des changements importants ont été opérés au niveau des institutions de l’Etat (Constitution du 10 juin 1991 et Accord de Paix d’Arusha du 04 août 1993).
3.5.1.1 La guerre d’octobre 1990
Cette guerre éclair qui a éclaté à Kagitumba dans la corne du nord-est du Rwanda, avait pour objectif la prise de Kigali endéans trois jours. Mais dès le deuxième jour de bataille, les Forces Armées Rwandaises neutralisaient les combattants du FPR et même leur Commandant en Chef en la personne du Général Major Fred Rwigema, ancien commandant adjoint de la NRA et vice-ministre de la défense du Gouvernement Ougandais y perdit la vie. Après ces combats très rudes au Mutara, le FPR fut repoussé en dehors de la frontière rwandaise, fin octobre 1990. Mais, dès les premiers jours du mois de novembre suivant, l’ennemi relança ses attaques contre les communes rwandaises frontalières avec l’Ouganda (Muvumba, Kiyombe, Cyumba, Kivuye de Byumba et Butaro de Ruhengeri), cette fois-ci sous forme de guérilla. A partir de ce moment, la population civile était directement concernée. Ce fut en effet, le début d’une série de crimes de droit international humanitaire commis par le FPR. La guerre contre le Rwanda devenait alors une très grave préoccupation non seulement pour le Rwanda, mais aussi, comme on le verra plus loin, pour la sous région. C’est dans ce contexte que des changements institutionnels importants ont été opérés au niveau de l’Etat.
3.5.1.2 Les changements institutionnels
Ces changements ont été introduits par la Constitution du 10 juin 1991. En effet, dans son discours du 05 juillet 1990, le Chef de l’Etat avait promis d’opérer des changements profonds (aggiornamento) au sein des institutions de l’Etat. Une commission ad hoc fut créée. Elle proposa un projet de constitution qui fut promulguée à la date susmentionnée. Comme cela a été dit, cette Constitution a apporté des changements considérables. On en indiquera deux qui sont, à coup sûr, les plus importants. La Constitution du 10 juin 1991 a d’une part, introduit le multipartisme dans les pays, le MRND cessant d’être parti unique et d’autre part, créé une nouvelle institution, à savoir le Premier Ministre, Chef du Gouvernement qui devait partager les pouvoirs avec le Président de la République. Comme on s’en aperçoit, ces changements étaient de nature, y croit-on, à permettre l’avènement d’un régime véritablement démocratique auquel même les réfugiés rwandais pouvaient participer. Et de ce fait, le conflit rwandais allait, encore une fois, trouver une solution adéquate. Mais hélas! c’était méconnaître le Tutsi qui, comme on l’a vu, avait depuis très longtemps, écarté l’idée de partager le pouvoir avec le Hutu. Il était déterminé, par conséquent, à s’emparer, tôt ou tard, de ce pouvoir par force.
Sur le plan interne, cette constitution a été appliquée tant bien que un mal. A ce sujet on peut citer, notamment, l’adoption de la loi du 18 juin 1991 sur les partis politiques. Les partis politiques ont, donc, été créés ; ils ont proliféré et en très peu de temps, ils ont dépassé la quinzaine. Le Premier Ministre a été nommé aussi. Dans un premier temps, il’ était issu du MRND et, depuis que les partis politiques opposés au MRND se sont organisés c’était un militant du MDR qui dirigeait le Gouvernement. Le FPR qui gagnait de plus en plus de terrain et de poids, a su exploiter très adroitement la situation pour détruire l’unité des hutu déjà précaire à son avantage. Pour finir, c’était pratiquement le MRND et le FPR et leurs alliés respectifs. C’est dans ce contexte politique que les négociations d’Arusha allaient être entamées.
3.5.2. L’Accord de Paix s’Arusha
Comme cela a été dit plus haut, dès les premiers mois, la guerre contre le Rwanda était devenue l’objet de préoccupation pour la sous-région. De nombreux contacts entre Chefs d’Etat furent organisés à ce sujet. C’est dans ce cadre que le Président de la République, alors Son Excellence le Général Major Juvénal Habyarimana a effectué plusieurs déplacements pour rencontrer ses pairs à Mwanza (le 17/10/1990), à Gbadolite (le 26/10/1990), à Goma (le 20/2/1991), à Zanzibar (le 17/2/1991) et à Dar es-Salaam (le 19/7/1991 et du 5 au 7 /3/1991). Par la suite, un accord de cessez-le-feu devait être conclu à N’sele (le 29/3/1991) et amendé à Gbadolite (le 16/9/1991) et à Arusha (le 12/7/1992). Tout cela en vain, les fils des Inyenzi étant déterminés à prendre le pouvoir par force. Des négociations directes entre le Gouvernement rwandais et le FPR-Inkotanyi la Communauté Internationale y souscrit. Lesdites négociations devaient se dérouler à Arusha en République Unie de Tanzanie. Elles devaient aboutir à la conclusion d’un accord de paix entre le Gouvernement Rwandais et le FPR-Inkotanyi.
Rappelons que cet accord a été négocié et conclu dans un contexte politique extrêmement tendu. En effet, depuis la rencontre de Bruxelles en juin 1992 entre les partis dits d’opposition (au MRND et à Habyarimana) et le FPR, la division entre les dirigeants Hutu était consommée au profit du FPR-Inkotanyi qui occupait déjà une certaine portion du territoire national. Ces partis, regroupés au sein de ce que certains de leurs dirigeants appelaient alors, « Forces Démocratiques de Changement » (FDC), déclaraient couvrir essentiellement toute la région du Nduga et d’autres régions semblables, pour dire que leurs adhérents étaient persécutés par les Bakiga du MRND-CDR au même titre que les Tutsi en général, façon astucieuse pour le FPR d’endormir la faction de hutu à sa solde pour s’infiltrer dans tous les coins du pays sans beaucoup de difficultés. C’est donc dans un tel contexte que les négociations d’Arusha se sont déroulées. Le représentant du Gouvernement rwandais était issu du MDR, parti principal d’opposition. Il était strictement interdit aux citoyens rwandais (sous peine d’être qualifié d’ennemi de la paix) de formuler des vœux ou de donner de simples avis dans le cadre de ces négociations de paix d’Arusha. Il va de soi, que dans ces conditions, le FPR allait, en fin de compte, obtenir plus qu’il ne demandait et, même, plus qu’il ne méritait.
L’Accord de Paix a été signé à Arusha par le Président de la République, le Général Major Juvénal Habyarimana du côté rwandais et par le Président du FPR-Inkotanyi le Colonel Alexis Kanyarengwe. Pour des raisons ci-haut évoquées, la conclusion de cet accord est intervenue dans l’indifférence généralisée de tous les rwandais. Cependant, ils gardaient l’espoirs que les anomalies constatées allaient être corrigées par les élections qui devaient être organisées vers la fin de la période de transition. Mais encore une fois hélas ! c’était se tromper grossièrement sur le Tutsi qui n’avait jamais abandonné sa logique de gouverner seul. En effet, malgré les avantages exorbitants et non mérités que l’Accord de Paix d’Arusha accordait au FPR, ce dernier n’était pas disposé à l’appliquer, car le Tutsi aurait été amené, un tant soit peu, à partager le pouvoir avec le Hutu, alors que pour lui, cela lui est culturellement prohibé. Il est à remarquer, par ailleurs, que dans le cadre des croyances et pratiques occultes, magiques et mythiques (imitsindo), le Tutsi, comme tel ne s’est jamais senti lié par cet accord de paix, ce dernier n’étant du début à la fin, que l’œuvre des Bahutu du nord (Abakiga) mais à l’avantage du Tutsi. Autrement dit, l’Accord de Paix d’Arusha élaboré et conclu pas les Hutu devait servir de tremplin aux Tutsi pour prendre le pouvoir et déraciner les Hutu. C’est cela la vérité sur le fameux Accord de Paix d’Arusha.
Toujours au sujet de cet accord, le point de vue actuel des du FPR au pouvoir à Kigali n’a pas changé ; il est exprimé avec un certain cynisme dans le journal Imboni No 003, dont l’extrait suivant :
Cependant, à part que cet (accord d’) Arusha nous reconduit sous le pouvoir semblable à celui d’Ikinani [le président Juvénal Habyarimana] , il ne présente aucun autre avantage. Il n’a pas empêché la guerre de reprendre, alors qu’il avait été conclu pour cela. Il n’a pas pu écarter le génocide [itsembabwoko] alors qu’il avait été conclu pour empêcher Ikinani de le commettre. Il n’a pas réussi le retour des réfugiés et leur réinstallation comme il le prétendait…Arusha n’existe plus, il est mort. Il est mort et il ne peut pas ressusciter. Tout cela se passe de commentaire.
Pour toutes les raisons ci-haut mentionnées, l’Accord de Paix d’Arusha a été donc conclu mais il n’a pas été appliqué comme c’était prévu. Aucun rendez-vous de mise en place des institutions prévues par lui, pourtant fixé de commun accord, n’a été respecté. Entre temps, les leaders Hutu des partis politiques membres des FDC avaient découvert le jeu du FPR, leur allié, et s’en étaient désolidarisés. A partir de ce moment, le FPR commit une série d’assassinats contre les Hutu pour préparer, dirait-on, la catastrophe sans précédent qui allait détruire la nation rwandaise toute entière depuis le début du mois d’avril 1994.
4. LA CATASTROPHE D’AVRIL 1994
Cette catastrophe vient de la guerre de reconquête du pouvoir au Rwanda déclenchée en date du 06/04/1994 en violation flagrante de l’article 1 de l’Accord de Paix d’Arusha. Cette guerre sauvage et meurtrière a produit des conséquences incalculables.
4.1. La guerre ultime de reconquête du pouvoir : préparatifs
L’horrible guerre qui a ensanglanté le Rwanda a été soigneusement préparée si bien que l’ennemi n’a pratiquement rencontré aucun obstacle de taille. La guerre ultime de prise de Kigali et de tout le pays a été très soigneusement préparée depuis longtemps. Las activités officielles de reconnaissance du terrain par le FPR se sont effectuées dans le cadre d’un organisme créé par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) en application d’un accord de cessez-le-feu. Il s’agit du « Groupe d’Observateurs Militaires Neutres (GOMN )» qui comptait cinq officiers du FPR parmi ses membres. Le GOMN avait accès à tout sans restriction aucune. Mais ces activités se sont intensifiées avec le soutien substantiel des éléments belges de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) qui étaient chargés de la protection de la ville de Kigali. Grâce à l’appui des casques bleus belges, le FPR a réussi à installer ses hommes et leurs matériels, sans aucune difficulté, dans la ville de Kigali et à travers tout le pays. C’est dans ce contexte que le FPR est parvenu à infiltrer ses brigades dans toute la zone gouvernementale (voir à ce sujet Le non-dit sur les massacres au Rwanda No 2 par l’ASBL SOLIDAIRE-RWANDA) . Mais le comble a été atteint quand, sous prétexte de protéger ses hommes membres des institutions de Transition à Base Elargie, le FPR a été autorisé a installer officiellement un bataillon (600 soldats) dans la ville de Kigali – un véritable cheval de Troie – et encore dans le palais du Conseil National de Développement (Parlement). C’était cette unité d’élite qui, le moment venu, avait la mission de mettre Kigali à feu et à sang.
Par ailleurs, après la signature du fameux Accord de Paix d’Arusha, le FPR-Inkotanyi a élaboré un document dans lequel il a consigné ses objectifs et des diverses stratégies à appliquer pour atteindre ces derniers. C’était un véritable « plan concerté ou complot » contre le peuple rwandais comme cela a été souligné dans Quand légitime défense devient génocide. En outre, avant la reprise de cette terrible guerre contre le Rwanda, un jeune officier, responsable du service de renseignement de l’armée ougandaise, en la personne du Major Paul Kagame, fut, pour des raisons certaines d’imitsindo hissé au grade de Général Major pour pouvoir chasser du pouvoir le Général Major Juvénal Habyarimana et, du même coup, les Hutu en général. Rappelons que Fred Rwigema, avait été érigé, en son temps, au même grade en présence du Chef de l’Etat rwandais alors en visite à Kampala en 1988, pour pouvoir diriger les opération de guerre dite d’octobre 1990 au cours de laquelle Kigali devait être pris endéans trois jours, comme on le sait déjà. Enfin, pour déclencher la guerre contre le Rwanda sans s’inquiéter de rien, le FPR s’était emparé des media du monde occidental et avait mis en garde les puissances étrangères contre toute ingérence dans cette guerre.
4.2. Une guerre sauvage et très meurtrière
Lorsque le FPR a estimé que le moment de s’emparer du pouvoir par force était venu, il choisit, comme le fait marquer Quand légitime défense devient génocide, d’exécuter une partie du scénario No 4 de son plan macabre:
Rupture des accords d’Arusha et recomposition d’un gouvernement en écartant par la force militaire et populaire Habyarimana et ses satellites dans un délai ne dépassant pas neuf mois à partir de la signature des accord de paix.
En effet, c’était mercredi 06 avril 1994 à 20h30, soit 08 mois et 02 jours après la signature de l’Accord de Paix d’Arusha, que l’avion qui ramenait du sommet de Dar-es-Salaam le Président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira ainsi que leurs délégations respectives, fut abattu au moment ou il se préparait à atterrir à l’Aéroport International Grégoire Kayibanda de Kanombe à Kigali. Ce lâche et ignoble assassinat fut le déclenchement des massacres sans précédents dans l’histoire du Rwanda. En effet, pour le FPR, Habyarimana assassiné, il fallait continuer l’exécution du plan tel que prévu ; c’est-à-dire l’extermination des « satellites de Habyarimana » (ou l’élite Hutu). Mais, Dieu merci, le FPR s’est trompé dans ses sombres calculs. Il croyait que le Hutu qu’il fallait déraciner était toujours le même que celui des années 50. Au contraire, l’assassinat de Habyarimana a été un catalyseur pour l’unité de tout le peuple Hutu face à l’ennemi déclaré. A la très grande surprise des Tutsi et de leurs alliés, main dans la main et avec l’appui des forces armées rwandaises, les Hutu se sont défendus comme ils l’ont pu trois mois durant. Il a fallu l’intervention de la communauté internationale, longtemps intoxiquée par la propagande mensongère de l’ennemi, pour décréter un embargo militaire injuste et injustifié contre le peuple rwandais en vue de garantir une victoire militaire au FPR, en violation flagrante de l’Accord de Paix d’Arusha qu’elle avait pourtant cautionné. Il faut remarquer que c’est sur cette résistance farouche du peuple Hutu dans l’exercice de son droit de légitime défense que le FPR fonde ses accusations absurdes relatives au génocide commis à l’endroit des Tutsi par des Hutu. Comme on le verra un peu plus bas, c’est tout le contraire.
Après l’intervention des puissances de ce monde en faveur du FPR, le Rwanda était complètement exsangue (voir les témoignages dans Le non-dit sur les massacres au Rwanda No 1 et 2) ; le peuple rwandais (une partie qui a échappé à l’extermination) a quitté son pays pour se constituer réfugiés à l’étranger. Pour avoir une idée précise sur les responsabilité s de la tragédie du peuple rwandais jusqu’à ce jour il faut lire notamment : Le peuple rwandais accuse, document réalisé par le Ministère de la Justice (Gouvernement en Exile) ; Executive Intelligence Review (EIR) du 19 août 1994 et du 28 octobre 1994, une revue britannique qui souligne le rôle particulier joué par la Grande Bretagne dans cette maudite guerre.
5. LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE
Pour saisir l’ampleur des conséquences de cette guerre par le FPR-Inkotanyi, il suffira de les considérer sur les plans matériel et humain.
5.1. Sur le plan matériel
Le Rwanda était certes un des pays les plus pauvres du monde, mais il était parvenu à se suffire dans des domaines diversifiés. En effet, sa devise est « Liberté, Coopération, Progrès ». Depuis que le Rwanda a accédé à la souveraineté internationale, il s’est attelé à la concrétisation de cette devise, malgré les interruptions dues à de multiples attaques des Inyenzi. Mais pour la 2ème République, dans le cadre du MRND, le Rwanda avait atteint un degré de développement tel que la Banque Mondial et le Fond Monétaire International le prennent en modèle de développement subsaharien. C’est d’ailleurs pour cette raison, selon la revue EIR, que la Grande Bretagne a contribué à la destruction du Rwanda. La guerre a donc eu entre autres pour effet, la destruction de toute l’infrastructure de développement que le peuple rwandais avait réalisée avec beaucoup de sueur, depuis son accession à l’indépendance. En effet, en plus de destruction des infrastructures, les biens abandonnés par les réfugiés ou les déplacés sont soit pillés, soit confisqués, sans aucune possibilité de récupération.
5.2. Sur le plan humain
La guerre d’agression qui a endeuillé le Rwanda depuis le mois d’octobre 1990 est la plus catastrophique de son histoire. En effet, à partir de ce moment, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées tout au long de la frontière rwando-ougandaise, d’autres ont été portées disparues, et beaucoup d’autres se sont déplacées, étant ainsi obligé d’abandonner leurs biens. A cette époque, le FPR s’est rendu coupable d’une série de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont on ne parle presque jamais, et par conséquent restent impunis. Mais c’est à partir du 6 avril 1994 que le FPR a manifesté ses intentions véritables en violant de façon flagrante l’Accord de Paix d’Arusha qu’il avait signé. Par là, le FPR a montré qu’il ne tenait pas à résoudre le conflit rwandais de façon pacifique. Il voulait éliminer toute personnalité qualifiée de « satellite de Habyarimana », c’est-à-dire toute personne d’ethnie Hutu. C’est cela le génocide.
Depuis la date de triste mémoire du 06 avril 1994, le Tutsi a tué le Hutu, le Hutu s’est vaillamment défendu. Les chiffres exacts des morts ne sont pas connus mais ils dépassent sûrement deux millions. Les rescapés ont, depuis l’embargo décrété par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, pris le chemin de l’exile. C’est tout un peuple qui s’est déplacé en dehors de son territoire national. Fait sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité. A l’étranger, le peuple rwandais vit tant bien que mal avec l’assistance des organisations humanitaires ; tandis qu’à Kigali, un gouvernement d’aventuriers, fils des Inyenzi est mis en place grâce à l’appui massif des puissances de ce monde qui ont, comme on l’a vu, contraint le peuple rwandais à l’exile. Ce gouvernement ne fait qu’arrêter ou tuer les Hutu qui n’ont pas pu fuir. Comme on le voit, le conflit rwandais est loin d’être résolu.
6. LA SITUATION DEPUIS L’INSTALLATION DU FPR AU POUVOIR A KIGALI
La guerre la plus tragique de l’histoire du Rwanda aura duré près de cinq ans. Kigali a été pris le 4 juillet et, le 19 juillet 1994 a été installé, la victoire était totale. Depuis, plus rien n’a été plus comme avant et c’est sur tous les plans.
6.1. Sur le plan politique
Il faut noter ici que la victoire militaire du FPR a placé l’Accord de Paix d’Arusha entre parenthèses. C’est dire que la seule volonté du FPR victorieux devait s’imposer (suppression du MRND, création de l’institution de « vice-président », etc.). En mettant en place des institutions éternellement provisoires. pour démarrer le nouveau régime, le FPR s’est rallier un certain nombre de Hutu de service dits « Hutu modérés »pour accomplir des missions qu’ils ne reconnaissaient pas. Quand l’objectif est atteint, le Hutu responsable devient indésirable et est souvent déclaré « génocidaire » (Cas de Faustin Twagiramungu, Pasteur Bizimungu, Pierre Célestin Rwigema, etc.). Aujourd’hui, le régime fait tout pour détruire la majorité numérique des Hutu pour pouvoir organiser des élections à son avantage. L’organisation administrative locale a été tellement chambardée qu’il n’est pas aisée de retrouver la situation d’avant la tragédie. Donc, le droit de propriété sur le terrain est totalement mis en cause.
6.2. Sur le plan judiciaire
Ce qui est remarquable ici, c est qu’il s’agit de la justice du vainqueur au vaincu. Les personnalités Hutu qui ne sont pas tuées sont purement et simplement jetées en prison sans aucun dossier. Le nombre de personnes se trouvant dans cette situation est toujours supérieur à 100.000. C’est dire que matériellement, les détenus jugés sont très peu nombreux, les détenus libérés encore très peu nombreux. Beaucoup de détenus meurent en prison. En plus, la justice sans défense dans le système « Gacaca » n’est qu’un moyen efficace pour coller à l’ethnie Hutu l’étiquette de génocide. Bref, la justice du FPR est un instrument politique parfait pour lui permettre de régner sur le Rwanda sans partage et sans inquiétude pour toujours.
A l’étranger, les Rwandais Hutu sont justiciables du Tribunal Pénal Internationale pour le Rwanda (TPIR) sis à Arusha en Tanzanie. La curiosité dans les compétences de cette juridiction, c’est que dans une situation bien déterminée, elle est habilité à juger les faits secondaires consécutifs (légitime défense) à un fait principal (assassinat du Président Habyarimana) tout en passant sous silence ce dernier pour, à coup sûr, mettre à l’abri le régime du FPR. Dès lors, il est clair que cette juridiction n’est qu’un moyen pour les grands de ce monde, de soutenir le régime du FPR. Par ailleurs, en date du 7 avril 2000, e Gouvernement belge a avoué sa part de responsabilité dans la tragédie qui a endeuillé le Rwanda. Dès lors, la question qui reste posée est de savoir comment l’Etat belge peut s’arroger le droit de juger les Hutu rwandais présumés génocidaires sans être juge et partie ! Seule l’histoire pourra y répondre.
6.3. Sur le plan social
Avant la Révolution de 1959, le droit était attaché à l’ethnie, sous le régime du FPR, les ethnies ne figurent plus dans les cartes d’identité mais une situation nouvelle a été créée. Les rwandais sont divisés en deux catégories : les «rescapés » et les « génocidaires ». Et le citoyen est traité en fonction du groupe auquel il appartient. Cette situation se fait particulièrement sentir dans les domaines de la santé, de l’éducation, du travail et de l’économie en général.
7. CONCLUSION
Le régime du FPR depuis sa victoire militaire a placé le Rwanda dans une situation pire que celle qui existait avant la révolution rwandaise parce que les temps ont changé et les esprits ont été de plus en plus ouverts alors que l’objet du conflit rwandais n’a aucunement changé. Oui, le conflit rwandais s’aggrave de jour en jour et le nombre de victimes se gonfle dans les mêmes proportions. Il appartient aujourd’hui à la communauté internationale, si elle croit encore au caractère sacré des droits de l’homme de se défaire des pièges du FPR, de pencher sur des raison profondes de ce conflit et de trouver une solution définitive appropriée permettant à tous les rwandais de jouir de tous leurs droits de citoyens rwandais.

Wednesday, February 07, 2007

http://www.bbc.co.uk/newsa/n5ctrl/progs/06/hardtalk/kagame07dec.ram

RELEASE, by 2nd Lt. Aloys RUYENZI [1]

PRESIDENT PAUL KAGAME is indeed a war criminal

He committed some of his crimes under the disguise of INTERAHAMWE

Recently, press reports, quoting prominent experts of the Great Lakes region, raised again the issue of impunity of president Kagame, with regard to the war crimes that he committed or ordered for. The main point of this paper is to expose one of the hitherto unveiled faces of his crimes. Indeed, some of the crimes which were indiscriminately attributed to Interahamwe were in actual facts carried out by none other than Kagame and his henchmen. In their sinister plans, they would disguise as the notorious militia Interahamwe. This should however not be misconstrued to mean that the latter did not kill.

This is not a hearsays, I am ready to produce evidence and call other people who witnessed the crimes that occurred in the following places :

1. When 7th BN was deployed in areas of Rushashi, Tare, Mbogo, and Rurindo in 1998 the director of schools at Rwankuba, the Bourgmestre of commune Rushashi as well as the agriculture officer of that commune were murdered over the same night. RPF hurriedly blamed their death on Interahamwe insurgents, yet they had been killed by its own elements.

2. The same year of 1998 Kagame planned to kill all civilians who where watching the world cup tournament in the Hotel called “Pensez-Y” and again blame their death on insurgents. Fortunately the operations officer of 7th BN, Capt. Kwizera who had been assigned the task, got drunk and failed to properly coordinate the operation.
Indeed, when the soldiers who were to disguise as Interahamwe insurgents reached the Hotel, they found many RPF soldiers mixed with the civilian crowd which was watching the world cup tournament. They contacted the commanding officer, Major Eugène Nkubito, who angrily told them to tell all the soldiers present to report to their respective positions. When some civilians saw that, they suspected a foul play and also left the Hotel. A few moment later, the Hotel was burnt to ashes and so many civilians who remained watching the TV died. After the operation, Radio Rwanda announced that the Interahamwe had burned that hotel and killed many people.

Despite the number of casualties, Kagame was not happy because the plan did not go the way it had been hatched. He summoned himself Capt. Kwizera in the officers’ mess, sent his own presidential jeep to collect sticks and beat captain Kwizera. The captain was given 100 strokes, demoted to the rank of private and put behind bars till he was dismissed from the army. This was done in public and many people watched the scene.

After that action of burning the Hotel “Pensez-y” and killing the civilians watching the world cup tournament they announced as anticipated that, the Interahamwe burnt the Hotel and killed so many people.

3. Another glaring example is the killing of western tourists in the Bwindi National Park, which prominently featured in western media. RPF immediately blamed it on the Interahamwe and so did the western media. Yet, they had been killed by RPF soldiers disguised as Interahamwe. The decision to kill western tourists venturing in that area had been taken manly for two reasons:

Ø The issue of Interahmwe would be more internationalised if they were accused of killing innocent western tourists. As a result, RPF would be given a free hand in fighting them the way it wants and wherever they are suspected to be;

Ø RPF suspected some Europeans of sympathising with Interahamwe by disclosing to them the positions of RPF. Moreover, the presence of foreigners near an insurgent area was hindering RPF atrocities perpetrated under the disguise of counter insurgents operations.

I got astonished when I heard the then attorney general, Gerald Gahima endeavouring to explain how the Interahamwe killed the tourists. I don’t think that Gerald Gahima knew anything about the plan apart from being told what to say.

4. When the late Andre Kisasu Ngandu the vice-chairman of the late President Laurent Kabila was killed, the Government of Rwanda, which was fighting along side Kabila to overthrow the Government of Mobutu, announced that Kisasu Ngandu was killed in an ambush by the Interahamwe and the ex-FAZ (ex-Force Armées Zairoises). Yet, he was killed by the RPA officers and men who are up-to-date serving in the RPF army.

His assassination was planned by James Kabalebe and Jack Nziza under the orders of Paul Kagame because Ngandu was opposed to the killing of refugees.

5. A group of Ugandans were detained in the former house of the director of special intelligence Senior Superintendent Gacinya and killed in November 2004. This house is one of the clandestine detention house, where they keep people incommunicado, until they decide their fate. The house is located at Muhima and is managed by Assistants Inspector of Police Munana and Nshuti.

The Ugandan victims were:

1. Rwemihigo

2. Waswa

3. Richard

4. Katongole

5. Mutume

6. Swaibu

7. and Kato.

After their murder, the bodies were taken to the Akagera National Park, burnt and the ashes thrown in the Akagera River. All these killings were ordered by General Kagame and his collaborators.

Regarding other human rights abuses, nearly 11 years after RPF takeover, people are still being killed and tortured in prisons by the security organs especially DMI and Special Intelligence using electric wires.

I once again appeal to human rights organisations and the international community to make their own counter investigations and insure that Kagame is held accountable for those crimes. It is the only way to put an end to impunity in the Great Lakes region.

Similarly, I call upon Rwandans to come out boldly and say the truth because not doing so will boost the impunity of criminals.

Tuesday, 18/01/2005

2nd Lt. Aloys RUYENZI

Mail: aruyenzi2000@yahoo.com


[1] Born on 1st March 1971 in Mbarara, Uganda of Rwandan refugee parents, Aloys Ruyenzi grew up in Uganda and joined the National Resistance Army of Ugandan President Yoweri Museveni in 1987. After a Basic Military and military intelligence he was posted in the 23rd battalion based in northern Uganda, as intelligence staff. A year later, He was called back to Kampala and posted at the Directorate of Military Intelligence (DMI), where Kagame was a senior officer. While in DMI, he was selected for another course called "the Intelligence and Self-Defence". When he fled the country, he was working in the Republican Guard, an RPA (Rwanda Patriotic Army) special unit that provides elements for the Presidential Protection Unit. He was Second Lieutenant and his army number was OP1460.

LA VERITE D’ABORD, LA JUSTICE ENSUITE

1- Qui rendra justice aux millions de rwandais massacrés par le FPR ?

D’importantes tueries à caractère systématique ont eu lieu entre avril et septembre 1994, au fur et à mesure de l’avancée militaire du FPR sur tous les fronts. Le Journal Libération[1] qui a recoupé les informations recueillies à ce sujet pour cette période, mentionne de nombreuses sites de massacres dont notamment celles situées dans 11 des 17 communes de Gitarama, avec 17.000 morts entre mai et septembre 1994.

Un autre décompte établi sur base des listes faites au niveau des paroisses donne un chiffre de l’ordre de 25.000 morts pour la même période. En extrapolant sur l’ensemble du Rwanda, «Libération » arrive à un chiffre de l’ordre de grandeur de 150.000 morts pour la même période.

Le Journal Libération, mais aussi d’autres sources variées[2] ont indiqué plusieurs sites de massacres des populations civiles exécutées froidement par le FPR au cours de l’assaut final d’avril – juillet 1994 et durant les mois qui ont suivi sa victoire sur les FAR en juillet 1994. Tous ces témoins des horreurs commises par le FPR au moment où il fêtait sa victoire sur les FAR s’accordent sur le fait que c’est un crime contre la Justice d’arrêter et juger les auteurs présumés du « génocide tutsi » qui a fait 500.000 victimes et laisser en liberté les planificateurs et auteurs du « génocide hutu » dont les victimes étaient estimés à plus de 1.100.000 à l’époque (août- septembre 1995) et qui se poursuivait. Leur conclusion était simple et logique : « C’est en identifiant tous les criminels que le TPIR cassera cette culture de l’impunité qui a toujours attisé la spirale de la violence au Rwanda en particulier et dans la Région des Grands Lacs d’Afrique en général. »[3]

Le TPIR n’a jamais cherché à contrarier le régime FPR dans sa sale besogne, probablement, du fait qu’il obéit à des forces opposées à l’accomplissement de sa mission. Les détenus d’Arusha l’ont magistralement démontré dans un dossier fouillé, adressé aux plus hautes instances de l’ONU et du TPIR par la lettre du 17 janvier 2000 relative, notamment, aux crimes du FPR

Le constat fait par les prisonniers d’Arusha en l’an 2000 a été confirmé par « International Crisis Group –ICG » en septembre 2003 en ces termes : « Les enquêtes sur l’APR n’ont été entamées par le Parquet du TPIR - et de façon timide - qu’en février 1999 alors que Louise Arbour se savait sur le départ. Héritière d’un dossier timidement géré par ses prédécesseurs pendant quatre ans, Carla Del Ponte a eu l’avantage de s’en saisir avec d’avantage de courage. La réunion tripartite de Washington des 14 et 16 mai 2003 sous la présidence de l’Ambassadeur américain pour les crimes de guerre Richard Prosper a mis fin définitivement aux velléités de la Suissesse et de tous ses successeurs au TPIR »[4]

L’extermination des Hutu rwandais par le régime FPR s’est poursuivie à grande échelle pour atteindre son paroxysme avec la destruction des camps de réfugiés hutu à l’Est du Zaïre et les massacres de leurs occupants sur place ou après leur retour forcé au Rwanda ainsi que la poursuite et la liquidation de tous ceux qui se sont aventurés dans les impénétrables forêts du Congo dans l’ espoir d’échapper à leur implacable ennemi.

Les renseignements tirés de divers documents traitant du nombre de victimes de la tragédie rwandaise depuis le déclenchement de la guerre le 1er octobre 1990, donnent des indications très éloignées les unes des autres, aussi bien sur le nombre total des victimes toutes les ethnies confondues que sur le nombre de victimes Hutu, Tutsi ou Twa en particulier.

Les gouvernements successifs du FPR se sont catégoriquement opposés à toutes les offres internationales de financement pour effectuer le recensement des victimes de cette tragédie afin de ne pas perdre les avantages politiques et financiers que son régime continue à retirer des chiffres manipulés. Il va donc falloir se contenter, pour longtemps encore, des extrapolations pour avoir une idée sur l’ampleur de ces terribles tueries.

Parmi les estimations qui ont été publiées jusqu’à date, celle faite par l’ancien Ministre de la Défense James Gasana actuellement en exil en Suisse, me semble être la plus proche de la réalité. Il l’a produite lors de sa déposition devant la Commission d’Information du Parlement Français.

Nkiko Nsengimana a reproduit le même tableau en annexe à la lettre ouverte qu’il adressa en date du 27 février 1998 au Président Bizimungu Pasteur et à celui qui était, officiellement, son Vice- Président à l’époque, mais déjà tout puissant Ministre de la Défense et Président du FPR, le Général Paul Kagame.

Ces hauts responsables du FPR n’ayant jamais démenti ni contesté les graves allégations portées contre eux à ces deux occasions, il y a lieu de les prendre comme une base crédible pour se faire une idée sur le nombre des victimes de la tragédie rwandaise, arrêté à la date de la finalisation du projet Nouer[5] en octobre 1997

Ci-après, je reprends ledit tableau estimatif des victimes du conflit rwandais par phase, régions et objectifs des tueries tel que publié par James Gasana et Nkiko Nsengimana.


Coût en vies humaines du conflit rwandais[6]

Phase de la crise

Régions
Objectifs des massacres

Nombre de victimes

Octobre1990-février 1993

Byumba et Ruhengeri

Le FPR et la NRA dégagent un territoire « Tutsiland » pour la négociation du pouvoir et l’installation des réfugiés tutsi

20.000

Février 1993

Byumba et Ruhengeri

Idem

Avril–Juin 1994

Toutes les régions pour le génocide tutsi Byumba, Kibungo,Bugesera et Kigali-Est pour le génocide des hutu.

Lutte pour le pouvoir et l’espace. Pour Byumba et Kibungo, le FPR dégage l’espace pour l’installation des rapatriés tutsi.

1.180.000

Juin-août 1994

Centre et sud du Rwanda.

Consolidation de l’ethno-cratie militaire tutsi et du butin de guerre.

400.000

Juillet–août 1994

Camps de réfugiés au Zaïre
Epidémie, maladies, faim

100.000

Août- décembre 1994[7]

Toutes les régions du pays

Ecrémage accéléré des élites et des mâles hutus. Vengeance, consolidation du butin de guerre.

580.000

1995- août1996

Toutes les régions du pays

Idem

250.000

Novembre 1996 à février 1997

Camps des réfugiés au Zaïre

Génocide hutu[8] perpétré par le FPR et la rébellion de Kabira Joseph

500.000

Mars-mai 1997

Massacres des réfugiés à Tingi Tingi et à Kisangani[9]

Idem

80.000

Total

Rwanda

3.150.000

Comme je l’ai déjà signalé ci- avant, il n’y a pas que James Gasana et Nkiko Nsengimana qui se sont livrés à ce genre d’exercice d’extrapolation. Le professeur Filip Reyntjens dans un document intitulé : « The conspirancy of silence »[10] indique que Robert Gersony et son équipe avaient trouvé que déjà en 1994, trois mois seulement après la prise du pouvoir par le FPR, 30.000 Hutu avaient été massacrés dans trois communes qu’il avait prises comme échantillon.

En faisant une simple extrapolation sur l’ensemble du pays, il arrivait à estimer les victimes Hutu des massacres du régime FPR à 1.450.000 personnes.

S’agissant d’appréhender le chiffre exact des victimes de la tragédie rwandaise, le passage obligé devait être la réalisation d’un recensement ad hoc avec la participation internationale pour en garantir le résultat. Comme déjà indiqué, le FPR s’y est opposé pour des raisons évidentes d’opportunité politique car le génocide reconnu des Tutsi constitue un fonds de commerce rentable. Par contre, s’il était reconnu, le génocide nié des Hutu pousserait la Communauté internationale à sortir de son silence complice et à mettre fin à l’impunité dont jouit scandaleusement le FPR.

2- Les aveux du Général Roméo Dallaire.

Pour quelqu’un comme Roméo Dallaire qui a la prétention de traiter les autres de diables, toutes ses décisions, omissions criminelles et compromissions bien documentées justifient l’ouverture d’un dossier pénal contre lui. Une telle action ne sera jamais entreprise par le TPIR qui a été conçu pour, notamment, exonérer l’ONU et ses fonctionnaires dont Roméo Dallaire lui-même de toute responsabilité dans la tragédie rwandaise.

Tenter de le poursuivre devant les Juridictions de son pays, le Canada, ne sera pas aisé dès lors que le Gouvernement canadien vient de lui attribuer le prix d’excellence, tout en reconnaissant qu’il n’a rien fait pour réussir sa mission au Rwanda.

Cependant un tel objectif n’est pas, à priori, inaccessible dès lors que, par orgueil ou par ignorance, le Général Roméo Dallaire a offert de sérieux et nombreux aveux dans son fameux livre “J’ai serré la main du diable”. Par ailleurs, il a fait de nombreuses concessions aux avocats de la Défense qui l’ont confronté à ses grossiers mensonges lors du contre-interrogatoire après sa déposition à charge dans le Procès Bagosora et aliis. Au titre de ces multiples aveux, il y a lieu de citer quelques exemples :

2.1. Pour Roméo Dallaire, les bons rwandais étaient avec le FPR.

Déjà lors de sa mission de reconnaissance en août 1993, Dallaire avait choisi son camp. Cela apparaît dans le rapport de mission déposé comme pièce du Tribunal lors de sa déposition dans le procès Bagosora et aliis.

A son arrivée au Rwanda, le 25 octobre 1993, Roméo Dallaire avait une vision manichéenne de la situation qui prévalait au Rwanda. Les bons étaient du côté du FPR, les extrémistes du côté des FAR. Dallaire avait choisi d’être du côté du FPR et va travailler pour l’installer au pouvoir. Roger Booh Booh tire cette conclusion dans l’interview accordée à Collette Braeckman[11]. Dallaire ne dit pas le contraire : “A l’intérieur du QG, j’ai été mis au courant des derniers événements. Kagame avait lancé son offensive et pénétré la zone démilitarisée presque vingt quatre heures après son avertissement.

Cette fois-ci, il n’y avait pas de force française pour lui mettre les bâtons dans les roues et la MINUAR n’avait pas le mandat pour le stopper” ;[12] ou encore : “Les combattants étaient pratiquement des enfants, des êtres jeunes, résistants et dévoués. Je ne doutais pas un seul instant qu’ils gagneraient la guerre. Mais pourraient-ils sauver leurs concitoyens ?”[13]

2.2. Roméo Dallaire a fermé les yeux sur les préparatifs de la reprise de la guerre et s’est compromis dans l’attentat terroriste contre l’avion présidentiel du 6 avril 1994.

La MINUAR a laissé le FPR infiltrer des hommes et du matériel de guerre dans la Capitale sous le couvert des convois de ravitaillement. C’est ainsi que les missiles qui ont servi pour abattre l’avion présidentiel ont été introduits dans l’enceinte du Conseil National de Développement (CND) où était cantonné le bataillon du FPR. Dallaire l’a avoué lors de son contre-interrogatoire par la Défense dans l’Affaire Bagosora et aliis en ces termes : “Ce qui était plausible, c’est que ces missiles auraient pu être infiltrés dans la zone CND”[14] Ainsi donc Roméo Dallaire a assisté sans réagir aux préparatifs de la reprise de la guerre, l’assassinat du Président Habyarimana et c’est la raison pour laquelle il a été obligé d’avouer à l’Avocat de Bagosora : “C’est pour ça que je vous dis… et j’ai écrit dans mon livre…que ma mission n’a pas été un succès”[15] Il doit répondre de l’assassinat des présidents Habyarimana et Ntaryamira ; de celui des membres de leurs suites et des français membres de l’équipage du Falcon 50 présidentiel.

2.3. Roméo Dallaire reconnaît avoir été tenu informé de l’implication de l’Ouganda dans le drame rwandais.

Le FPR recevait ses approvisionnements en matériels et des renforts en hommes de la part de la NRA et Dallaire qui le savait n’a rien fait pour arrêter ce mouvement : “Le jour suivant, j’ai reçu un rapport du nouveau commandant du secteur de la MUNUOR, le Colonel Azrul Haque, confirmant des envois d’armes et de munitions entre l’Armée Nationale de Résistance de l’Ouganda (ANR) et le FPR.

Au même moment, l’équipe de renseignements de Claes a envoyé un rapport stipulant que les officiers de l’Armée Ougandaise avaient tenu des réunions pour supporter l’offensive du FPR qui devait commencer à Byumba ou à Ruhengeri. Claes avait également entendu parler d’un bateau chargé d’armes pour le FPR que les autorités avaient saisi à Goma sur la rive zaïrois du lac Kivu.”[16]

Le Président Yoweri Museveni a confirmé l’implication de son pays et de son armée dans le conflit rwandais, lors de son intervention publique à Kigali, à l’occasion des cérémonies commémoratives du “10ème Anniversaire du génocide”. Il l’avait déjà dit dans un discours prononcé au sommet de Harare en 1999 et l’a répété à Kigali[17].

Quand Museveni prétend qu’il a su contourner la surveillance des Nations Unies, personne ne peut le suivre dans son mensonge. L’ONU par l’intermédiaire de son commandant des forces de la MINUAR savait mais n’a pas voulu intervenir. Le Général Dallaire avait décidé de faciliter la victoire du FPR par tous les moyens.

2.4. Roméo Dallaire a caché les résultats des enquêtes menées sur les massacres de Kirambo et Mutura.

Après les massacres de Kirambo et de Mutura, Dallaire a mis en place une commission d’enquête sur les seuls massacres de Kirambo. Cette commission a produit un rapport que Dallaire n’a pas voulu rendre public, pour ne pas compromettre le FPR. Il pensait que ce rapport resterait indéfiniment sous embargo mais, malheureusement pour lui, il a été trouvé par la Défense des Accusés à Arusha et déposé comme pièce du Tribunal dans l’affaire des Medias et celle de Bagosora et aliis. Alors que Dallaire sait très bien que tous les témoins entendus accusent le FPR d’être l’auteur de ces massacres, il soutient le contraire dans son livre à la page 158 à 160. Le Général Dallaire a donc sciemment couvert les crimes du FPR qui n’a pas cessé de torpiller les chances d’un règlement pacifique du conflit rwandais, jusqu’à provoquer le cataclysme du 6 avril 1994 qu’il avait planifié longtemps à l’avance.

Tout le monde sait maintenant que le rapport sur les massacres de Kirambo a été caché pour ne pas compromettre le FPR. Le Général Dallaire peut encore prétendre qu’il voulait sauvegarder le processus de paix ? Pourquoi persiste-t-il dans le mensonge quand bien même la vérité sur ces massacres a éclaté au grand jour!

2.5. Roméo Dallaire a ouvertement soutenu le FPR dans son attaque qui a fait échouer les Accords de Paix d’Arusha

Le Général Roméo Dallaire avoue avoir discuté les plans des opérations avec Paul Kagame[18], que ses hommes fraternisaient avec les soldats de Kagame[19] et que, des fois, il dormait au Quartier Général du FPR[20]. Cet extrait est fort significatif.

“Puis nous avons commencé à discuter de la situation de la bataille elle-même, et j'ai étendu ma carte militaire entre lui et moi sur le sol”.

Il était évident que Kagame avait bloqué, sans grand effort, un certain nombre de bataillons de l’AGR qui défendaient le cœur de la terre hutue, Ruhengeri. Cela lui permettait une fois prise la ville de BYUMBA et la route principale se dirigeant vers l’Est, de se rendre vers le Sud, jusqu’à la frontière de la Tanzanie et de boucler avec le fleuve. Il faisait aussi avancer son armée vers l’Ouest, juste en dessous de Kigali, sur l’axe principal qui menait à la capitale. Il était clair que Kigali était encerclé et devait s’attendre à une épreuve de force. Après avoir insinué une possible consolidation de son armée le long du fleuve, dans une direction nord-sud, il a terminé la discussion de ses plans militaires de façon brutale et a détourné la conversation sur les négociations d’Arusha, qui devaient commencer le matin suivant. Il ne s’y était pas rendu, car il soutenait que la solution revenait aux politiciens. Pessimiste quant à l’issue potentielle de la réunion, il pensait qu’au départ les ententes d'Arusha que j’avais le mandat d’appuyer - servaient exclusivement « à sauver la vie de militaires et non point celle de civils. Une fois notre session de travail terminée, il m’a invité à dormir chez lui, car retourner à Kigali la nuit tombée était trop dangereux….Au cours de notre entretien, j’ai demandé à KAGAME pourquoi il ne sautait pas directement à la gorge de ses ennemis à Kigali. Il a complètement ignoré les implications allant de pair avec ma question. Il savait très bien que chaque jour de bataille dans la périphérie de Kigali entraînait la mort des Tutsi qui se trouvait derrière les lignes de l’AGR.”[21]

Cette position d’aveu de Roméo Dallaire vient d’être confirmée par Roger Booh Booh en ces termes : Durant longtemps, par respect pour les victimes, je me suis abstenu de toute polémique. Mais aujourd’hui, je veux rappeler les problèmes qui se posaient. Il faut d’abord savoir que Dallaire voulait être le responsable, à la fois politique et militaire, de toute la mission et qu'il a mal accepté mon autorité, essayant de minimiser mon rôle. Sur le plan militaire, qui était de son ressort, bien des problèmes se posaient : la zone démilitarisée était devenue une passoire, sans cesse des armes arrivaient d’Ouganda pour approvisionner le FPR, et Habyarimana, qui en était tenu informé par ses amis, nous le reprochait, précisions à la clé. Mais selon les rapports de Dallaire, il n’y avait jamais aucun problème de ce côté-là... En fait, le général ne disait pas la vérité, ses contrôles n’étaient pas assez serrés. Le travail militaire de la Minuar n’était pas fait et Dallaire préférait faire de la politique; ce n’était pas son rôle. De plus, il était partial : plusieurs fois, on a noté que des militaires du FPR travaillaient avec Dallaire, dans la salle d’état-major de la Minuar, à l’hôtel Méridien. Là, il y avait des cartes montrant les positions des forces d’Habyarimana sur le terrain... A la Minuar tout le monde savait cela. Quand les hostilités ont commencé, notre quartier général était plutôt dans la zone du FPR et ce dernier venait se renseigner pour savoir où se trouvaient les poches de résistance. Enfin, Dallaire n’était même pas obéi par ses troupes. [22]

2.6. Roméo Dallaire a laissé le FPR tuer des réfugiés placés sous la protection de la MINUAR

Dallaire avoue que des réfugiés ont été enlevés par le FPR des installations gardées par les hommes de Roméo Dallaire et ont été exécutés sommairement. Il l’exprime en ces termes : “Un seul incident avait eu lieu au stade Amahoro : des soldats du FPR étaient entrés sans rencontrer aucune résistance de la part des bangladais et ils s’étaient emparés d’une douzaine de civils accusés par d’autres Rwandais présents à l’intérieur du stade d’avoir commis des atrocités. Ils furent exécutés sommairement à l’extérieur des murs d’Amahoro.”[23]

2.7. Roméo Dallaire a laissé tuer les politiciens de l’opposition et leurs familles sous la protection de la MINUAR

Roméo Dallaire a avoué avoir failli à sa mission de porter secours à des personnes en danger, dont les politiciens de l’opposition qui s’étaient délibérément placés sous la protection de la MINUAR.

Tous inquiets, les chefs des partis modérés, des Rwandais ordinaires et des employés civils de l’ONU continuaient d’appeler pour obtenir des renseignements et exiger une protection. Nous n’avions qu’un nombre limité de soldats et chaque homme occupé à un poste de garde était un homme en moins pour patrouiller et pour s’occuper des urgences. Nous avons demandé aux personnes qui téléphonaient de demeurer chez elles ou de se cacher jusqu’à ce que la situation se stabilise. J’ai finalement pu joindre New York en utilisant le téléphone par satellite.

Ce n’était pas le moyen le plus sûr, mais je n’avais pas d’autre choix…

J’ai fait mon rapport à Iqbal Riza et il m’a répondu ‘La MINUAR ne doit pas, je répète, ne doit pas tirer à moins qu’on ne lui tire dessus.’ Je lui ai rappelé que nos règles d’engagement nous permettaient d’intervenir et de procéder à une escalade des moyens à employer, ce qui incluait l’utilisation de nos armes afin d’empêcher des crimes contre l’humanité. Il a répété que la MINUAR ne devait pas tirer sauf si on tirait sur elle.

Nous devions négocier et, surtout, éviter les conflits. Il a ajouté qu’il avait tout à fait compris la crise à laquelle nous devions faire face, mais que nous ne devrions pas créer d’incidents exploitables. Pas moyen de le persuader. Je lui ai annoncé l’envoi de mon rapport écrit, et nous avons raccroché [24]


2.8. Roméo Dallaire reconnaît certaines victimes de ses propres manquements.

Parmi les victimes des manquements de la MINUAR que Roméo Dallaire reconnaît, nous pouvons d’ores et déjà citer quelques noms au hasard :

- Habyarimana Juvénal, Président du Rwanda et sa suite ;

- Ntaryamira Cyprien, Présdient du Burundi et deux de ses ministres ;

- Uwilingiyimana Agathe, Premier Ministre du Rwanda;

- Les Français, membres de l’équipage du Falcon 50 présidentiel, (3 officiers) ;

- Renzaho Juvénal, Conseiller politique à la Présidence de la République ;

- Nsabimana Déogratias, Chef d’Etat-Major des FAR ;

- Sagatwa Elie, Secrétaire particulier du Président et chef de sécurité du Président ;

- Ngurinzira Boniface, Ancien Ministre des affaires étrangères ;

- Kavaruganda Joseph, Président de la Cour constitutionnelle ;

- Ndasingwa Landouald et toute sa famille, Ministre du Travail et 1er Vice-Président du Parti Libéral (PL) ;

- Ngango Félicien et toute sa famille, 1er Vice-Président du Parti Social Démocrate (PSD) ;

- Nzamurambaho Fréderic, Président du PSD et Ministre de l’Agriculture ;

- Les Evêques de Kabgayi, Byumba, Kigali ainsi que les prêtres en leur compagnie ;

- Les casques Bleus belges de la MINUAR (10 commandos) ;

Après les aveux de cette ampleur du Général Roméo Dallaire sur ses responsabilités dans le drame rwandais, il est difficilement compréhensible que son pays , le Canada, lui décerne un prix aussi prestigieux. En quoi le Conseil des Arts canadiens a-t-il trouvé le livre de Dallaire « essentiel, courageux et édifiant »[25] ? Fallait-il absolument récompenser les échecs de la société civilisée comme l’affirme encore le même Conseil des Arts du Canada[26]. C’est un véritable scandale de voir un pays de droit comme le Canada récompenser des actions et des omissions criminelles pour éviter les poursuites de cette gravité, par ailleurs avoués par leur auteur.

Comment les hauts officiers des FAR poursuivis devant le TPIR peuvent-ils espérer un procès juste et équitable devant un Tribunal qui prend le Général Dallaire pour un héros et utilise son livre pour les convaincre des crimes dont Dallaire lui-même est le principal responsable, comme il l’avoue dans ce même livre « j’ai serré la main du diable ».?

Ainsi, par exemple, il est très injuste d’accuser le Général Ndindiliyimana, alors Chef d’Etat-Major de la Gendarmerie, de n’avoir rien fait pour endiguer la catastrophe alors qu’il a pris l’initiative d’inviter tous les responsables concernés par la sécurité du pays, y compris les chefs de la MINUAR, dès les premières heures d’après l’attentat pour les associer à la première réunion devant arrêter les mesures d’urgence pour gérer la crise consécutive à l’attentat terroriste du 06 avril 1994. En sa qualité d’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, il a convoqué la réunion des officiers à laquelle le Colonel Bagosora a pris part en sa qualité de Directeur de Cabinet au Ministère de la Défense. On se souvient qu’à l’époque le Ministre Bizimana était en mission au Cameroun.

Le Général Dallaire n’a pas honnêtement collaboré car il avait d’autres plans. En effet, alors que la réunion tenue à l’Etat Major des FAR dans la nuit du 6 au 7 / 04 / 94 avait retenu que les hommes du Colonel Marchal et les gendarmes devaient faire conjointement le maximum de patrouilles, le Général Dallaire en a décidé autrement. Il le dit en ces termes: « Il était environ deux heures du matin à notre arrivée à l’EMAR….Avec Ndindiliyimana, Luc avait mis au point un plan intelligent pour organiser des patrouilles conjointes. Il y avait un seul problème. Cela exigeait le déplacement de nombreux soldats belges à l’intérieur de la ville pendant la nuit, mouvement qui pouvait être considéré comme une provocation. Je lui ai demandé de réduire leurs effectifs, car nous n’avions pas besoin de ce genre de réaction »[27].

Si le TPIR ne veut ni ne peut engager des poursuites contre Roméo Dallaire, faut-il absolument désespérer de voir un jour des femmes et des hommes canadiens épris de justice se saisir du dossier Dallaire et le traduire en justice ?

Ceux qui viennent de décerner ce Prix au Général Dallaire jouent un rôle important dans cet enterrement de la vérité sur le drame rwandais. Ce n’est pas pour la valeur intrinsèque que ce livre est primé. L’on peut facilement penser que ce prix fait partie des démarches qui visent à couvrir les crimes du Général Canadien contre des poursuites éventuelles.

L’attribution de ce prix vise surtout à maintenir l’illusion que la déposition du Général Dallaire dans le Procès du Colonel Bagosora et ses coaccusés a apporté la preuve de la planification du génocide alors qu’il n’en est rien. Sa piètre prestation a plutôt permis d’en savoir un peu plus sur les prétendues preuves majeures dont se prévaut l’Accusation à savoir : le fax du 11 janvier 1994 et la lettre du 3 décembre 1993.[28]

3- Un prix littéraire pour camoufler la Vérité sur le drame rwandais et récompenser cent jours de cauchemar et de trahison du général Roméo Dallaire.

Qui peut encore douter de l’implication du Général Roméo Dallaire dans la tragédie rwandaise, depuis la publication de son livre « J’ai serré la main du diable » paru aux éditions Libre Expression Québec 2003 et sa déposition dans l’affaire Bagosora et consorts, du 19 au 27 janvier 2004 ? Jusqu’à quand l’impunité continuera- t- elle d’être assurée aux généraux Roméo Dallaire et Paul Kagame malgré leurs lourdes responsabilités dans la tragédie qui a endeuillé le Rwanda ? La réponse toute faite vient d’être fournie par le Conseil des Arts canadien « en décernant à Roméo Dallaire son Prix du Gouverneur Général, catégorie « études et essais » en langue anglaise pour son livre-témoignage sur le Rwanda. Ce prix vient s’ajouter à d’autres hautes distinctions lui octroyées par le Gouvernement canadien, dont la promotion de Roméo Dallaire à l’un des plus hauts grades militaires en reconnaissance de ses performances comme Commandant de la MINUAR en 1994.

En réalité le prix attribué à Dallaire, malgré la médiocrité de son œuvre et la gravité de ses responsabilités, vise à sauvegarder pour quelques temps encore la crédibilité de ce témoin-miracle du génocide des Tutsi rwandais, en perte de vitesse après son contre-interrogatoire par les avocats de la Défense dans l’affaire Bagosora et aliis.

L’histoire politiquement convenable et correcte qu’ il est venu raconter pour appuyer la thèse de l’Accusation doit être défendue à tout prix, jusqu à la condamnation de Bagosora et ses coaccusés. Mieux, tout un chacun doit savoir que tout le Canada est derrière « son Général » malgré les erreurs inexcusables, les omissions et les trahisons ressassées sans scrupule dans ce volumineux ouvrage abusivement qualifié de « essentiel, courageux et édifiant » [29]

Le cataclysme rwandais n’a pas été une surprise pour Dallaire, car il en avait été préalablement informé par le Général Kagame. Il connaissait bien les dispositions que ce dernier avait prises pour mener à terme son projet criminel. Le Général Roméo Dallaire, Commandant en chef des forces onusiennes au Rwanda en rend compte en ces termes :

«….Finalement, je lui ai demandé s’il avait des questions à me poser. Il a voulu savoir ce qui se passait relativement à la proposition concernant l’admission du CDR et du PDI. J’ai regardé son visage. Jamais, je ne l’avais jamais vu aussi sombre. Il a seulement ajouté que nous étions à la veille d’un cataclysme et qu’une fois enclenché, aucun moyen ne permettrait de le contrôler »[30].

Par son manque de neutralité et son parti pris, Dallaire a compromis les accords de paix d’Arusha alors que sa mission était de créer les conditions favorables pour leur mise en oeuvre. Il a rejeté la solution de compromis reprise dans la Déclaration du 28 mars 1994 faite par les diplomates occidentaux et le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, pour sortir le pays de l’impasse et mettre en place les institutions de transition prévues par l’Accord de paix d’Arusha[31].

L’on se souviendra que le 6 avril 1994, une section du bataillon belge de la MINUAR, conduite par le Lieutenant Lotin avait accompagné les hommes du FPR dans une mission à l’Est de Kigali que seul le Général Dallaire connaissait. Dallaire n’indique pas quelles étaient ces personnalités du FPR escortées par le lieutenant Lotin et ses hommes, ni l’heure de départ de Kigali et celle d’arrivée dans le parc, ni le poste par lequel cette délégation FPR est entrée puis sortie, ni l’heure de son retour au CND à Kigali. L’absence d’indications sur tous ces aspects fait douter de la réalité de cette mystérieuse mission. Et, comme par hasard, c’est de l’Est de la Capitale que sont partis les missiles qui ont abattu l’avion présidentiel. Même si le doute sur la responsabilité du FPR dans l’attentat tend à s’évanouir, il reste une énigme de taille sur la présence des casques bleus belges avec leur chef, le lieutenant Lotin[32], dans la zone du tir des missiles sur l’avion présidentiel. Dallaire n’a jamais expliqué l’objet de cette mission. Dallaire ne dit absolument rien sur tout ça dans son livre tout comme il ne parle pas de la boîte noire de l’avion présidentiel qu’il a reconnu avoir personnellement acheminée à New-York[33].

Après l’attentat, la Section du Lieutenant Lotin dont personne n’a entendu parler de toute la journée se retrouve comme par hasard à l’aéroport[34] vers minuit dix. La même Section du Lieutenant Lotin est immédiatement désignée pour aller en renfort chez le Premier Ministre Agathe Uwilingiyimana, sans armement approprié pour cette nouvelle mission. Le lendemain, lorsque le Général Dallaire a vu les hommes du lieutenant Lotin au camp Kigali, lui qui les avait envoyés en renfort chez le Premier Ministre, il a tout simplement préféré s’abstenir et les laisser mourir. En effet, il les a vus en difficultés au camp Kigali et il n’a rien fait pour les sauver malgré l’appel pathétique de l’officier togolais, le capitaine Apedo. Il les a laissés se faire « tabasser à mort par les soldats mutins.» Peut-on s’empêcher de croire qu’il a cherché à les faire tuer pour se débarrasser de témoins gênants, sans doute complices dans l’attentat contre l’avion présidentiel?

En venant à la réunion à l’Ecole Supérieure Militaire, le 7 avril 1994 vers 11h, le Général Dallaire savait personnellement que le Premier Ministre Agathe avait pris la fuite et que les casques bleus avaient eu de sérieuses difficultés et renoncé à poursuivre la mission[35]. C’est donc un fait certain qu’il les a sacrifiés tout comme il l’a fait pour les politiciens rwandais de l’opposition proche du FPR. En effet, il n’a pas voulu intervenir alors que certains d’entre eux l’ont personnellement appelé au secours, notamment Madame Hélène Ndasingwa. Il ne peut pas prétendre que le réseau de communication entre les différentes équipes de la MINUAR n’a pas fonctionné et qu’il n’était pas informé par ses hommes qui assuraient leur garde qu’ils étaient en danger déjà au moment où certains d’entre eux étaient entrain de se faire enlever.

Le Général n’en fera cas qu’après la réunion qu’il a eue avec les chefs militaires FAR à l’Ecole Supérieure Militaire le 7 avril 1994 vers 12h 30. Dallaire n’a voulu rien faire pour sauver les vies en danger, il le clame tout haut en ces termes : « ….Nous, la MINUAR, nous ne bougerons pas. Je continuerai à vous donner un appui pour éviter l’obstruction de l’Accord d’Arusha et je vous aiderai à empêcher une nouvelle guerre civile avec le FPR »[36].

Connaissant le programme de Kagame, il a contribué à l’aggravation de la crise par le sabotage de la réunion qui devait avoir lieu chez l’ambassadeur des USA, le matin du 7 avril 1994. Les diplomates et une délégation des FAR devaient se rencontrer sous la présidence du Représentant du Secrétaire Général, Mr Roger Booh Booh pour des échanges; ce qui aurait permis de reprendre la situation en main. Booh Booh n’a pas eu l’escorte pour le conduire chez l’Ambassadeur américain et Dallaire le reconnaît.[37]

4- Rechercher la Vérité afin d’arriver à la Justice qui réconcilie.

Au vu du comportement de certaines personnes à l’égard des accusés devant le TPIR, je tire la conclusion qu’elles n’ont pas évolué dans leur compréhension du dossier rwandais. Je suis particulièrement surpris par certaines affirmations tendant à accréditer les théories aujourd’hui à la mode de nous accuser de négationnisme ou de révisionnisme comme si nous avions jamais admis la qualification de génocide donnée aux massacres inter-ethniques d’avril-juillet 1994 au Rwanda. Comme on peut le constater dans cet exemple tiré du seul dossier d’Edouard Karemera et aliis, la quasi-totalité des accusés du TPIR ont généralement plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation y compris celui du génocide.

Dans un fax devenu célèbre au greffe du TPIR, Maître Emmanuel Leclerc a expliqué son départ du dossier Edouard Karemera en ces termes : « Les événements de 1994, au Rwanda sont qualifiés par les uns de génocide, par les autres de massacres réciproques. En ce qui me concerne, le seul mot correct est le mot « génocide.» Monsieur Karemera est d’un autre point de vue. Il me semble dès lors difficile, sans desservir mon client, de poursuivre sa défense si son Conseil et lui-même ne réserve pas la même définition aux événements de 1994. Avec regret, mais avec la certitude de faire mon devoir d’avocat, je me retire donc de la Défense de Monsieur Karemera. Je ne me présenterai donc pas aux audiences de ces 7 et 8 avril 1999.»[38]

Ainsi donc, il serait pour le moins malhonnête d’accuser Edouard Karemera d’avoir aujourd’hui une attitude révisionniste alors que sa position sur les événements est restée constante depuis ce jour où le Président de Chambre, l’Honorable William H.Sekule décida péremptoirement que, malgré le défaut de représentation, il devait être mis en accusation.

Il s’était alors exprimé en ces termes : « Nous avons dit que vous étiez en mesure d’effectuer votre comparution initiale en application de l’article 62 du RPP, car nous sommes persuadés que vous savez ce qui se passe dans cette procédure.»[39]

Ne voulant aucunement cautionner cette décision contraire aux prescriptions de l’article 62 du Règlement, Edouard Karemera avait catégoriquement refusé de répondre aux onze questions lui posées par le Juge relativement aux 11 chefs d’accusation portés contre lui. Plus tard, il a tenté de contester la régularité de cette procédure en récusant le Juge William Sekule. Mais il a été débouté en Première instance et en Appel.[40]

La quasi totalité des accusés du TPIR ont opté pour la plaidoirie de non culpabilité, même si certains avocats préfèrent pratiquer la défense de connivence, en espérant que la position particulière de leurs clients emportera l’indulgence des juges. Ces tentatives ont, malheureusement, débouché sur de lourdes condamnations des accusés qui se sont contentés d’une telle option.

Or, malgré toutes les années passées à enquêter sur le génocide des Tutsi rwandais, le Procureur n’est pas parvenu à indiquer le mobile qui aurait subitement poussé les Hutu à tuer les Tutsi. Au contraire il met tout en œuvre pour écarter des débats devant le TPIR le dossier sur l’assassinat du Président Habyarimana qui, pourtant, est un élément incontournable pour appréhender la Vérité sur le drame rwandais.

Concernant la thèse du génocide défendue par le Procureur en l’absence de toute preuve, nous estimons qu’il faudrait évoluer et s’aligner sur les positions de mieux en mieux documentées de certains universitaires-chercheurs qui n’hésitent plus actuellement à remettre en cause les conclusions auxquelles ils étaient arrivés hâtivement, au point qu’elles sont aujourd’hui contredites par de nombreux témoignages qui fusent de partout.[41] Les éléments de preuve déjà produits dans certains procès terminés ou en cours au TPIR permettent de mettre sérieusement en doute une quelconque planification de l’extermination des tutsi par les groupes incriminés illégalement par le Procureur[42] , à savoir le Gouvernement intérimaire, les FAR , le parti MRND et des factions de certains autres partis ainsi que l’Eglise.

Devant l’impossibilité de démontrer cette prétendue planification, le Procureur a profité de l’aveu de culpabilité malicieusement extorqué à l’ancien Premier Ministre Jean Kambanda avec le funeste contrat léonin daté du 29 avril 1998. Jean Kambanda avait alors accepté de plaider coupable sur l’ensemble des six chefs d’accusation mis à sa charge et de témoigner contre ses anciens collaborateurs. Mais le coup de poker du Procureur n’a pas fait long feu. En effet, tout le monde est aujourd’hui au courant des circonstances dans lesquelles Jean Kambanda a subi le contre- interrogatoire musclé mené par deux policiers canadiens, Pierre Duclos et Marcel Deseauliniers. Ces deux policiers véreux, spécialisés dans la manipulation des pièces à charge avaient été recrutés par leur compatriote Mme Louise Arbour, alors Procureur du TPIR, pour prester comme enquêteurs au TPIR alors qu’ils étaient poursuivis au Canada pour fabrication de fausses pièces.

On sait surtout que, c’est sur base des aveux lui arrachés en violation des règles de procédure en vigueur devant le TPIR, pendant les 9 mois d’isolement frisant la séquestration à Dodoma, par ces deux policiers manipulateurs, que l’acte d’accusation définitif[43] contre Jean Kambanda a été finalisé, à quelques heures seulement de sa comparution du 1er mai 1998. Dans ces conditions, il n’y a rien de surprenant dans les fréquents revirements de Jean Kambanda, déçu et amer, après sa condamnation définitive à la prison à vie[44].

Mais on comprend aussi, pourquoi le Procureur tient à sa coopération. Pour poursuivre la coopération avec le Procureur, Jean Kambanda semble avoir placé la barre très haut, mettant ainsi en difficultés les négociateurs dépêchés auprès de lui par le Bureau du Procureur.[45] Les nouvelles promesses lui miroitées par le biais du fin négociateur, l’avocat général RAPP, depuis août 2004 vont peut-être produire les effets souhaités. Il est important de relever que, depuis sa condamnation à perpétuité en septembre 1998, le Procureur peine littéralement à convaincre Jean Kambanda de garder le silence sur les circonstances et à quelles conditions il a signé le fameux « Accord aux fins d’un aveu de culpabilité », à défaut d’honorer l’engagement pris de collaborer avec l’Accusation en déposant à charge contre ses anciens collaborateurs.

Mais, jusqu’à quand cet aveu de culpabilité malicieusement extorqué à Jean Kambanda continuera-t-il à servir d’alibi pour refuser de reconnaître la Vérité sur le drame rwandais ? Le problème, me semble-t-il, réside dans une mauvaise appréciation de principaux facteurs à l’origine des malheurs du peuple rwandais qui, de mon point de vue, sont de trois ordres :

(1) Le régionalisme qui a provoqué l’éclatement de la société rwandaise.

Certains Rwandais, en sont tellement marqués que même aujourd’hui, en exil ou à l’intérieur du pays, ils continuent à le mettre en avant pour justifier leur refus de conjuguer les efforts avec leurs compatriotes afin d’examiner objectivement les problèmes existentiels, pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Le régionalisme fut perçu par le FPR et ses stratèges comme une faiblesse à exploiter pour plonger le pays dans une guerre civile dans laquelle il interviendrait pour mettre de l’ordre[46]. Il est fort regrettable que ce régionalisme persiste encore aujourd’hui dans les communautés des réfugiés en dépit des enseignements du passé très récent et de la tragédie que continue à endurer le peuple rwandais.

(2) L’aveuglement et la partisanerie politiques qui ont amené certains leaders à trahir les intérêts du peuple qu’ils prétendaient défendre.

En préférant servir leurs intérêts égoïstes et momentanés, certains politiciens ont facilité l’élimination du Président Habyarimana, dont le rôle modérateur était pourtant indiscutable dans le contexte de guerre et du multipartisme. De fait, il était considéré par la population comme le dernier recours pour la survie de la Nation en cette période de hauts risques.

Malheureusement donc, ses adversaires politiques et ses ennemis[47] de tous bords le présentèrent comme un obstacle à la paix, afin d’obtenir le feu vert et le soutien de leurs complices dans son élimination. Les conséquences de cette élimination étaient prévisibles mais ces individus assoiffés de pouvoir sont passés outre, en sachant pertinemment qu’ils plongeaient leur pays dans le cataclysme que personne n’allait plus pouvoir arrêter. Aujourd’hui des témoignages crédibles et accablants sont là pour le confirmer. La démocratie chantée par le FPR pour justifier son agression et réclamée à cor et à cri par les opposants de Habyarimana a été vite jetée aux oubliettes par la dictature sanguinaire et exclusive de la minorité tutsi galvanisée par Paul Kagame.

(3) Les clivages ethniques malicieusement exacerbés par l’agresseur FPR

Avec sa stratégie du pire, le FPR a tout fait pour exploiter malhonnêtement à son avantage l’histoire ancienne et récente de la gestion du pouvoir par les tutsi et par les Hutu pour réaliser son rêve de longue date de reprendre le pouvoir par les armes.

Après la signature des accords de paix d’Arusha, l’arrogance, les provocations des partisans du FPR dans certains milieux et les exactions du FPR dans les zones occupées ainsi que son terrorisme partout à l’intérieur du pays ont réveillé les démons de la haine ethnique nourrie de peur.

L’assassinat du Président Ndadaye du Burundi par l’armée mono-éthnique tutsi quatre mois après son élection avait déjà provoqué des affrontements entre les Hutu et les Tutsi du Burundi avec des prolongements au Rwanda[48]. Le 6 avril 1994, l’assassinat programmé par le FPR des présidents Hutu, Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi, suivi immédiatement par la reprise des hostilités, a plongé le Rwanda dans le chaos et les tueries.

Mon constat est que les Rwandais de toutes les ethnies et de toutes les couches sociales ont emporté avec eux dans leur exil cette vision des problèmes rwandais. En se positionnant par rapport à l’un ou l’autre de ces trois grands maux ci-dessus relevés, ils passent leur temps à se rejeter mutuellement les responsabilités de la tragédie qui s’est abattue sur notre pays et notre peuple. Et, comme si cela ne suffisait pas, certains vont jusqu’à nier les efforts déployés par le Gouvernement et les FAR pour faire face à la catastrophe d’avril- juillet 1994 et, au contraire, minimisent les crimes du FPR. C’est aussi à force de tapage médiatique et des écrits de propagande que certains de nos compatriotes oublient que le drame rwandais ne se réduit pas à la seule dimension nationale mais qu’il y a beaucoup d’intérêts géopolitiques que l’on s’évertue à couvrir ou à occulter. L’ancien conseiller spécial du Maréchal Mobutu pour la sécurité vient de livrer au public un témoignage hors pair dans un ouvrage qui fera date sur les vrais motifs de la crise dans la région des Grands Lacs d’Afrique[49].

Ceux qui ont eu la chance de ne pas être liquidés ou ciblés par le FPR et ont l’opportunité de vivre tranquillement, suite à leur intégration dans les pays d’accueil, croient que les accusés devant le TPIR devraient tout simplement accepter de porter le fardeau de tous les Hutu, globalement accusés de génocide, sans exiger la moindre preuve sur la planification de ce crime abominable.

C’est dommage, parce que la vérité ne sera pas connue tant que les premiers concernés préfèreront se taire par peur ou par égoïsme au moment où les seconds croupissent injustement en prison au Rwanda ou à Arusha.

Il est à la mode aujourd’hui de se faire taxer de « divisionniste », de défenseur de « l’idéologie génocidaire » ou d’être accusé de « révisionnisme ». Même face à de nombreux arguments nouveaux, le régime du FPR et ses puissants supporteurs ne sont pas prêts à reconsidérer leurs fausses accusations portées globalement et abusivement contre tous les Hutu. C’est donc à ces derniers de se battre jusqu’à ce que la vérité l’emporte sur le mensonge !

Il est tout de même écœurant de constater que les intellectuels rwandais qui ont eu l’occasion et le privilège de suivre le déroulement des événements n’osent pas démentir les mensonges répandus et se réfugient derrière la peur de perdre certaines facilités qui leur ont été accordées dans les pays d’asile. Il est intellectuellement malhonnête de continuer à défendre une thèse dont on sait pertinemment qu’elle est manipulée à des fins politiciennes.

Si l’on peut excuser le silence forcé des intellectuels vivants à l’intérieur du Rwanda parce qu’il y va de leur survie physique, il en va autrement de tous ceux qui évoluent partout ailleurs en Occident ou en Amérique, notamment, dont les fallacieux alibi frisent la lâcheté.

J’estime que des changements substantiels dans la vision du problème rwandais n’interviendront pas, tant qu’il n’y aura pas cette prise de conscience des causes réelles et profondes qui ont conduit le peuple rwandais à l’éclatement et à la mort. Il est dès lors coupable et irresponsable d’intérioriser la version accommodante pour certains milieux et groupes connus, sérieusement impliqués dans cette tragédie qui a frappé notre pays.

C’est dans cette prise de conscience que réside le salut du peuple rwandais. En outre, il va falloir bannir à jamais les trois maux précités et le mensonge politique. Il faut s’engager résolument dans la lutte contre cette justice à deux vitesses qui fait délibérément de la discrimination ethnique la garantie d’impunité pour des criminels avérés de quelques bords qu’ils soient.

Seulement, il faut que leurs crimes soient clairement établis, à partir des preuves vérifiables et non des éléments manipulés pour soutenir la thèse du génocide planifié tel que véhiculée par les principaux profiteurs de ce crime abominable. Nul n’ignore que le régime FPR a fait du génocide « un fonds de commerce très rentable », surtout qu’en plus il est le fondement de sa légitimité.

5- La réconciliation hypothéquée par des poursuites sélectives et discriminatoires.

Les Procureurs successifs et le lobby dont ils sont généralement les portes voix sont les principaux responsables de l’échec du TPIR. Leur zèle à transférer les détenus au Rwanda explique encore une fois cette volonté d’enterrer définitivement la vérité sur la tragédie rwandaise. Avant son arrivée au TPIR, Madame Louise Arbour, dans une conférence tenue le 19 mars 1998 à l’Université Libre de Bruxelles avait annoncé publiquement que les enquêtes sur les crimes commis par le FPR se poursuivaient.

Le 13 décembre 2000, dans une conférence de presse tenue à Arusha Carla Del Ponte avait, pour la première fois, annoncé publiquement que les dossiers d’enquête avaient été constitués contre les membres du FPR et qu’elle avait demandé la coopération des autorités rwandaises pour mener à bien ces poursuites. Le fait que les dossiers pour lesquels Carla Del Ponte a fait la demande n’ont naturellement pas été divulgués au public démontre déjà l’hésitation du Parquet. Mais cette timide initiative de Carla Del Ponte de lancer les poursuites contre des membres du FPR lui a valu l’éviction du TPIR.

Son successeur, Aboubacar Jallow s’est simplement incliné face à la résistance du régime de Kigali et de ses puissants sponsors et, en même temps, multiplie les initiatives pour transférer les dossiers de certains prévenus du TPIR devant les juridictions rwandaises et cela, sur commande de ces criminels qu’il devrait normalement arrêter et déférer devant les juges du TPIR. Les détenus du TPIR soutenus en cela par leurs avocats et d’autres intervenants ont dénoncé fermement les négociations entre le TPIR et le Gouvernement Rwandais[50]

Bénéficiant de la complicité du Greffier Adama Dieng, Aboubacar Jallow s’est même immiscé dans le dossier de transfert des condamnés du TPIR pour être bien certain qu’ils seront liquidés rapidement afin de débarrasser l’ONU et certains de ses Etats membres des derniers témoins crédibles du drame rwandais. En effet, c’est parmi ces accusés du TPIR que se retrouvent les derniers acteurs et observateurs privilégiés tout au long de la période de ces événements tragiques qui osent encore dénoncer les crimes du FPR et ses complices.

Lors d’un entretien début avril 2002, Carla Del Ponte avait promis la première mise en accusation des membres du FPR avant la fin de l’année 2002, en ces termes: « Le Bureau du Procureur enquête officiellement depuis bientôt deux ans sur trois crimes commis par des soldats du FPR….mais l’établissement des responsabilités au niveau de l’hiérarchie militaire de l’APR porte manifestement des responsabilités des échelons sensibles de l’armée, ce qui met le Parquet dans une position politiquement délicate »[51] Le 30 mai 2002, le Procureur général apportait cette précision que ce sont en tout quatorze sites qui étaient visés par ces enquêtes[52].

Ainsi, depuis 8 ans, seuls les Hutu ont fait l’objet de poursuites parmi les « milliers de cas » connus du Procureur. Les crimes graves pesant sur les Tutsi membres du FPR ne sont pas à l’ordre du jour du TPIR.

Le Procureur ne veut ni ne peut les inculper à cause des pressions des puissances occidentales connues et du chantage du régime de Kigali[53]. Puisque la date de fermeture du TPIR ne permet pas de juger tous les Hutu sélectionnés, il est logique que les Tutsi ne seront jamais inculpés par le TPIR, ni autrement traduits en justice puisque le régime du FPR n’a ni l’intention, ni l’intérêt à le faire Le Procureur traîne délibérément les pieds, en prétendant qu’il fait l’évaluation des enquêtes qui ont déjà eu lieu depuis des années. Le dossier des suspects du FPR sera, sans nul doute, bientôt classé sans suite sous le fallacieux prétexte de l’échéance de 2008 ! En sera-t-il de même pour les suspects ou les accusés Hutu ? C’est fort peu probable. Le Professeur Filip Reyntijens a finalement fait le même constat et vient de retirer sa précieuse collaboration au Procureur du TPIR dans sa lettre du 11 janvier 2005[54].

La déclaration faite par le Procureur au cours de l’audience du 20 septembre 2004 dans l’affaire Ndindiliyimana et aliis est un aveu. Tout en niant la poursuite des gens sur des bases ethniques, le Procureur n’a pas pu réfuter le fait que seuls les Hutu ont été inculpés et traduits en justice, huit ans après le début des activités du Tribunal[55]. Il a même admis la réalité des poursuites sélectives dans les termes suivants : « Il y a effectivement un processus sélectif – je dois l’admettre - , de part la nature même du pouvoir discrétionnaire qui revient de droit au Procureur. Nous devons procéder effectivement à une certaine sélection, en ayant à l’esprit qu’il y a des milliers de cas qui doivent être traduits devant notre juridiction ; mais nous n’avons pas effectivement des ressources suffisantes. Et vous savez que nous devons clore notre mandat en 2008 »[56].

Par poursuite sélective, il ne faut pas entendre seulement l’impunité garantie aux membres du FPR. Il faut y ajouter toutes les personnes qui ont commis des crimes à l’instar de Roméo Dallaire et consorts, qui sont maintenant considérés comme des héros à récompenser.

Rien ne peut ni ne doit excuser les crimes horribles qui ont été commis à partir du 6 avril 1994 dans des affrontements inter-ethniques favorisés par la reprise de la guerre et le chaos qui s’abattit sur tout le pays. Mais, cela ne suffit pas pour condamner globalement tout un peuple en ignorant que ce même peuple a plutôt été victime d’une agression calculée et planifiée depuis un pays voisin. Même si le Procureur continue de le nier, le conflit rwandais avait sans nul doute un caractère international. La complicité de la communauté internationale qui a laissé faire certains pays impliqués dans cette tragédie est une réalité reconnue[57]

L’implication des pays tels que l’Ouganda, le Burundi, la Belgique et les Etats Unis d’Amérique est aujourd’hui suffisamment documentée[58] pour ne plus être raisonnablement contestable.

Il me semble juridiquement et humainement scandaleux de condamner systématiquement des individus pris au hasard comme des échantillons représentatifs des catégories socioprofessionnelles dont ils faisaient partie en avril-juillet 1994. Comment peut-on accepter que les rares acquittés du TPIR restent tout de même en prison[59] et prétendre encore que le TPIR n’est pas un instrument politique au service du FPR ? Il n’y a aucun doute, le TPIR a été conçu par les américains comme un tribunal du vainqueur FPR qu’ils soutenaient contre les FAR et le Gouvernement légitime du Rwanda

Comment ne pas conclure que le TPIR qui, à ce jour, n’a pas réussi à apporter la preuve de la planification de l’extermination des tutsi est plutôt un instrument mis en place pour sauvegarder les intérêts des tutsi pendant que ceux des hutu sont résolument mis au placard ? L’impunité et l’immunité dont jouit le FPR avec la bénédiction complice de la Communauté internationale ainsi que les poursuites sélectives et discriminatoires ou les emprisonnements arbitraires des Hutu, même après leur acquittement, doivent prendre fin. Sans cela, il est illusoire et malhonnête de parler de Justice et encore moins de Réconciliation entre Rwandais. Mais les premiers concernés doivent se décider à mettre la main à la pâte[60].

Comment faut-il interpréter le silence de certains intellectuels et anciens responsables rwandais qui refusent de s’exprimer sur des événements les concernant au premier plan[61]. Il n’y a pas mille manières de contribuer à faire éclater la vérité sur le drame rwandais au grand jour. La plus directe est d’accepter de comparaître devant le TPIR et de déposer en faveur des accusés qui peinent à trouver des témoins crédibles disposés à se rendre à Arusha.

A défaut de venir déposer devant les chambres du TPIR, on peut toujours disponibiliser les documents disculpatoires dont on dispose dans son classement ; c’est particulièrement le cas pour tous les anciens diplomates qui n’ont rien perdu de leurs documentations personnelles et des autres compatriotes qui se trouvaient à l’extérieur du pays particulièrement pour de raisons d’études.

Il y a lieu également de contribuer à faire évoluer les choses en participant activement à tous les débats organisés dans sa zone d’activités sur les Web sites ou en faisant des recherches et en publiant, comme certains ont commencé à le faire déjà.

Janvier 2005.



[1] Libération no 4594 du 27.2. 1996

[2] Il s’agit notamment de :

- Filip Reyntjens dans : « Le Rwanda, les violations des droits de l’homme par le FPR/APR,

Plaidoyer pour une enquête approfondie. » (Anvers, juin 1995)

Sujets d’inquiétude au Rwanda, octobre 1994, working paper, 3 novembre 1994

- Amnesty International dans son rapport intitulé : « L’armée Patriotique Rwandaise

responsable d’homicides et d’enlèvements. » (avril- août 1994)

- Jean Pierre Edouard Komayombi, président de l’Association Akagera- Rhein dans

Un document intitulé : « Rwanda, jusqu’où va le calvaire d’un peuple, avril 1996. »

[3] Ibidem : Rwanda, jusqu’où va le calvaire d’un peuple, 1ère partie ; les Modérés parlent, page 11

[4] ICG, Rapport Afrique no 69 du 26 septembre 2003 Nairobi/Bruxelles page 8 et 9

[5] Tableau repris du document du projet NOUER ; Breaking Hutu-Tutsi en mity in Rwanda through reconciliation can be hope again ? Lausane october 1997.

[6] Tableau reproduit in « La violence politique au Rwanda 1991-1993.» Déposition de James Gasana devant la Mission d’Information de l’Assemblée Nationale, France.

[7] Dans le rapport de décembre 1994, le Ministère de l’Intérieur (du nouveau régime), Division du Recensement, estimait le nombre total de victimes des massacres interethniques à 2,101.250

[8] Voir aussi le rapport d’un témoin publié par le journal français Libération le 10 février 1997, sous le titre « Zaire : un témoin raconte les massacres. »

[9] Des quelques 160.000 réfugiés survivants qui avaient atteint Tingitingi d’abord, Kisangani ensuite, environ 80.000 étaient encore en vie en début mai 1997 (voir aussi Time de la semaine du 12 mai 1997, « The Highway to Hell », p.28-33.

[10] Filip Reyntjens : « The conspirancy of silence » du 02 septembre 1999

[11] Interview de Roger Booh Booh par Colette Braechmana publiée dans le Journal Le Soir du 19.04.2004

[12] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 346.

[13] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 369.

[14] Affaire Bagosora et alii : Transcrits d’audience du 21 janvier 2004, p. 50.

[15] Affaire Bagosora et alii : Transcrit d’audience du 21 janvier 2004, p. 37.

[16] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, 264.

[17] Discours du Président Ougandais à Harare en 1999 et le discours fait à Kigali à l’occasion du 10ème anniversaire du génocide le 7 avril 2004.

[18] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 413.

[19] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, pp. 413-414.

[20] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 414.

[21] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 413.

[22] Interviewé par la journaliste Colette Braeckman, Monsieur Booh-Booh déclare que sur le plan militaire, Dallaire était partial et qu’on l’a vu au Méridien avec le FPR en train d’étudier les positions des FAR.

[23] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 377, §3 et p. 413, § 1.

[24] Roméo Dallaire : “J’ai serré la main du diable”, p. 298, §3.

[25] Lire les commentaires Radio Canada sur Webb dans « Rwanda : les Fantômes du Général », 15 novembre 2004

[26]» Ibidem.

[27] Livre du Général Dallaire “j’ai serré la main du diable” p 297..

[28] Le fax du 11 janvier 1994 a été subtilement retiré des archives de l’ONU à New York et remplacé par une copie manipulée d’un autre fax fabriqué longtemps après la création du TPIR mais antidaté pour remplacer celui du 11 janvier 1994. Selon Alphonse Marie Nkubito alors membre du gouvernement du FPR, la lettre du 3 décembre 1993 attribuée faussement à des officiers des FAR non autrement identifiés, s’est averée être une manipulation montée par l’opposition pour tester la capacité de réaction de la MINUAR

[29] Guide culturel, Radio Canada : « Rwanda, les fantômes du Général, 15 novembre 2004 »

[30] Roméo Dallaire, «J’ai serré la main du diable », pp. 278-279.

[31] Cette déclaration a été signée par 9 Ambassadeurs ; celui du Vatican, des Etats-Unis, de la France, de la Belgique, de l’Allemagne, de la Tanzanie, du Zaïre, de l’Ouganda et du Burundi ainsi que par le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU. Le FPR et le Général Dallaire ont été fâchés par ce 3ème paragraphe de la déclaration : « Ils sont d’avis, après examen des dispositions pertinentes du protocole d’accord sur le partage du pouvoir, que tous les partis politiques agréés au Rwanda à la date de la signature de ce protocole et le FPR doivent être représentés à l’Assemblée nationale de transition dès sa mise en place, à condition qu’ils respectent l’accord de paix ». C’est clair, même le parti CDR combattu par le FPR et Dallaire ne devait pas être exclu de cette Assemblée nationale de transition. Comme il l’a écrit dans son livre ci-haut cité, Dallaire en fut révolté ; il fut, comme le FPR, en désaccord avec les diplomates signataires de cette déclaration : « Le corps diplomatique de Kigali, dirigé conjointement par le Nonce apostolique et le RSSG, endossaient la proposition du Président, qui soutenait la présence au sein du GTBE de tous les partis qui avaient été reconnus à Arusha. Ils ont produit une déclaration conjointe signée aussi par des représentants du Zaïre, de l’Ouganda, du Burundi et de la Tanzanie – en fait par tous les pays de la région des Grands lacs. De main de maître, Habyarimana avait réussi à isoler le FPR, à en faire le seul parti entravant le succès politique. Le département des Affaires politiques (DAP) à New York, l’ONU et l’entière communauté politique et diplomatique sont tombés dans son piège. La communauté internationale tout entière a cause la mort d’Arusha le jour où ses membres, les diplomates, le RSSG des Nations Unies en tête, ont été dupes de la ruse du Président », p. 276.

[32] Et comme par hasard, c’est le Lieutenant Lotin qui commandait l’unité mortier de la MINUAR , donc spécialisée dans la balistique.

[33] La Nouvelle Relève N° 486 du 15 au 30 avril 2004 « La MINUAR fut un échec »

[34] Alexandre Goffin dans: « Rwanda 7 avril 1994: 10 commandos vont mourir » écrit ce qui suit à la page 47 : « Le Lieutenant Lotin, de retour de l’AKAGERA est lui aussi passé avec son véhicule à l’aéroport pour faire le plein de carburant. Il discute avec le capitaine Tefnin non loin d’une grille d’enceinte. Bruno Bassinne, comme beaucoup d’autres, attend en riant qu’on lui précise ce qu’il doit faire. »

[35] Alexandre Goffin, page 74. Le Lieutenant Lotin entre en communication avec le Lt Colonel Dewez sur le réseau Motorola et lui annonce : « Devant, deux de mes hommes se font tabasser…Ils vont nous lyncher, mon Colonel ». C’était 9h06 et ce fut sa dernière communication.

[36] Ibidem p 309 à 310. Ces propos sont d’autant plus étonnant quand on sait que des unités de la MINUAR avaient reçu les ordres de laisser passer les troupes du FPR pour attaquer le camp Kanombe : témoignages de deux soldats belges de la MINUAR devant l’auditorat militaire. Le FPR est sorti du CND dans la nuit du 6 au 7 avril 1994.

[37] Roméo Dallaire : « J ai serré la main du diable », page 303

[38] Fax du 6 avril 1999 remis au suspect Edouard Karemera en pleine audience du 7 avril 1999 consacrée à sa mise en accusation.

[39] Transcrit d’audience du 8 avril 1999 pages 108 - 109

[40] Décisions du 16 novembre 1999 du Bureau du TPIR, celle du 17 novembre 1999 de la chambre de Première Instance II ainsi que celle de la chambre d’appel datée du 18 mai 2000, toutes relatives à la requête en récusation des Juges Laity Kama et William Sekule pour suspicion légitime. Cependant le Tribunal a trouvé une solution astucieuse en transférant l’affaire Karemera et aliis de la Chambre II présidée par Sekule d’abord à la Chambre I présidée par la Présidente Pillay et, un peu plus tard, à la Chambre III présidée par la Vice-Présidente Vaz.

[41] Enquête du juge Bruguière, témoignage de Ruzibiza et Ruyenzi, livre de Bernard Lugan, livre de Robin Philpot, livre de Honoré Ngbanda Nzambo… .

[42] Le Statut n’a pas donné au TPIR la compétence de poursuivre et de juger les personnes morales ou les institutions. En théorie le Procureur déclare se conformer à cette limitation de compétence aux personnes physiques ; mais, en réalité toute sa stratégie de poursuites est basée sur les allégations portées contre le Gouvernement, le MRND, les FAR et l’organisation « Interahamwe za MRND », pris au sens institutionnel.

[43] C’est suite à la signature de l’Accord aux fins d’un aveu de culpabilité, le 29 avril 1998, que le Procureur a pu sortir son acte finalisé sur base des éléments lui fournis par l’accusé lui-même. Kambanda pouvait enfin faire sa comparution le 1er mai 1998 et plaider coupable sur tous les 6 chefs d’accusation mis à sa charge.

[44] Jean Kambanda a remis en cause le contrat passé avec le Procureur dans la semaine même de sa condamnation comme le montre sa lettre du 11 septembre 1998 à Mr le Greffier du TPIR au sujet de la commission d’office de Me Michael Inglis au lieu de l’avocat de son choix, Me John Scheers et la lettre du 14 avril 1999 adressée au Bâtonnier du Barreau français de Bruxelles.

[45] Voir les correspondances du 4 juin 2003 échangées entre le chef des poursuites Mme Mélanie Warrett et Jean Kambanda.

[46] Le montage du coup d’Etat des officiers du Sud autour du Premier Ministre Uwilingiyimana Agathe, l’interprétation faite sur la liste trouvée dans le véhicule du Chef d’Etat-Major de l’Armée, l’assassinat de du Ministre Gatabazi et de Bucyana, l’annonce sur les antennes de la radio Muhabura que le Général Ndindiliyimana avait été assassiné par les officiers du Nord, autant d’éléments pour comprendre l’importance attribuée au régionalisme ainsi que l’exploitation qu’en a fait le FPR. Des personnes ressource ont permis de découvrir et comprendre le plan et le rôle que Ndindiliyimana devait jouer après l’attentat du 6 avril 1994. Dans ce rôle Uwilingiyimana Agathe et Ndindiliyimana devaient également être tués et d’une pierre deux coups. Les assassins de Habyarimana étaient trouvés et avec la mort de ces deux personnalités du Sud, la justification par le FPR des profondes dissensions entre le Nord et le Sud du pays était obtenue pour entretenir la guerre, cette fois-ci en position de force par rapport aux forces intérieures qui s’en trouvaient ainsi totalement désintégrées.

[47] Voir les correspondances Ravi et le noyau de l’escadron de la mort depuis décembre 1991. Doc TPIR.

[48] Ndadaye est un de ces anciens réfugiés burundais arrivés au Rwanda en fuyant les massacres des hutu au Burundi en 1972. Il a poursuivi ses études secondaires au Rwanda. Il y a effectué ses études universitaires et il a été professeur dans la région de Butare. Il était bien connu au Rwanda et sa victoire a irrité les milieux FPR au Rwanda. Il semblerait d’ailleurs que ce dernier n’est pas étranger à son assassinat, le 21 octobre 1993.

[49] Honoré Ngbanda Nzambo : « Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux », paru aux Editions Duboiris, Paris 2004.

[50] Voir, notamment, lettres des détenus au Président du TPIR, Eric Mose, en date du 16 février 2004 ; du 24 mai 2004 et celle du 4 juillet 2004 ainsi que les lettres lui adressées le 12 juillet 2004 par le Président du Centre de lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda ; la lettre du 5 juillet 2004 lui adressée par l’Association Intenationale des Juristes démocrates ainsi que sa réponse datée du 22 septembre 2004

[51] Tribunal Pénal International pour le Rwanda le compte à Rebours 1er août 2002

[52] Idem ICG en foot note p. 14

[53] Pour s’en convaincre il suffit de se rappeler des pressions et des manœuvres ayant conduit à la mise à l’écart du TPIR de Mme Carla Del Ponte par le Conseil de Sécurité.

[54] Dans cette lettre addressee au procureur Hassan B. Jallow, Filip Reyntijens écrit : « on 6 january 2004, you informed me that you were unable to disclose whether you had come to a decision or what that decision would be. Of course, I accept and respect your position. However, having cooperated with the ICTR and your office since 1995 the failure to prosecute RPF suspects puts me before a grave moral dilemma. […] I shall ,therefore, note be able to cooperate with OTP unless and until the first RPF suspect is indicted”

[55] PV du 20 septembre 2004, pp. 36-39.

[56] Audience du 20 septembre 2004 transcrit p 37.

[57] A ce sujet qu’il nous suffise de renvoyer au rapport de la « Comission Cerlson » remis au Sécretaire Général de l’ONU le 15 décembre 1995, au Rapport du groupe d’Eminentes personnalités présidé par l’ancien président Ket Masire remis au Sécrétaire Général de l’OUA, le 29 mai 2000, ainsi qu au Rapport de la Commission d’enquête du Sénat belge sur les les événements du Rwanda.

[58] Comme preuves de l’implication de ces pays, on peut citer, notamment :

- Le rapport de la Commission d’enquête du Sénat belge sur les événements de 1994 au Rwanda ;

- La déclaration du Président Yoweri Museveni le 7 avril 2004 à Kigali lors des cérémonies commémoratives du 10e anniversaire du génocide ;

- Les documents déclassifiés par l’Administration américaine, le 20 août 2001sur le site Web .

[59]- Après l’arrêt de la Chambre d’Appel du 3 novembre 2000, Jean Bosco Barayagwiza a été littéralement neutralisé par le Greffier jusqu’au 11 décembre 1999 date à laquelle le Procureur a saisi la Chambre d’Appel d’une demande en révision qui a abouti au renversement programmé de cet arrêt qui avait compromis les relations entre le Tribunal et le Gouvernement de Kigali.

- Acquitté, Ignace Bagirishema est resté six mois en prison avant d’être autorisé à aller provisoirement en France attendre la confirmation de son acquittement par la Cour d’Appel.

- Emmanuel Bagambiki et André Ntagerura acquittés le 25/ 02/ 2004 sont toujours en prison à Arusha dans les conditions plus rigoureuses que celles des accusés en cours de procès ou des condamnés se trouvant en instance d’appel.

[60] Camment comprendre qu’aucune action de solidarité ne soit pas encore organisée pour la mise en liberté d’André Ntagerura et de Emmanuel Bagambiki maintenus en prison malgré leur acquittement ?

Comment comprendre la séquestration de Yusuf Munyakazi qui se poursuit depuis bientôt un an pour le forcer à plaider coupable et à collaborer avec le Procureur et accuser faussement certaines personnes!

[61] Parmi les nombreux acteurs politiques rwandais de premier plan, seul James Gasana a publié beaucoup de documents dont son important livre : « Rwanda. Du Parti-Etat à l’Etat-Garnison » paru aux Editions L’Harmattan, Paris 2002. Faustin Twagiramungu est passé spécialiste dans des interviews généralement données en fonction des opportunités politiques ; les anciens ministres et ambassadeurs très proches confidents du Président Habyarimana comme ses farouches opposants préfèrent se cacher et gardent un silence assourdissant.