Wednesday, September 05, 2007

Justice or Injustice?

Les héros du génocide rwandais sont assassinés, emprisonnés et persécutés au lieu d’avoir des médailles.



Le Cas du prêtre Wenceslas MUNYESHYAKA diabolisé injustement.





« Je souhaite rencontrer l’homme qui m’a sauvé la vie et qui a caché ma mère », déclare un des nombreux enfants rescapés du génocide rwandais et sauvés par le père catholique Wenceslas MUNYESHYAKA à la paroisse Sainte Famille dans la capitale rwandaise KIGALI. Ce jeune garçon, désigné par la première lettre de son nom R…réside avec sa mère en Europe et a manifesté, depuis qu’il a l’âge de raison, de rencontrer l’homme qui l’a sauvé avec sa mère et ses autres proches parents entre avril et juillet 1994. Ce jeune garçon, âgé aujourd’hui de 12 ans, avait sept (7) mois et était gravement malade en avril 1994. Le père Wenceslas a remarqué parmi d’autres enfants, ce nourrisson atteint de diarrhée et de pneumonie suite au froid et a décidé de le cacher avec d’autres enfants fragiles dans les chambres du presbytère jusqu’à leur évacuation vers la zone de KABUGA (préfecture de Kigali-Rural) contrôlée par le Front Patriotique Rwandais (FPR) depuis fin avril 1994.



Ce jeune garçon, qui n’a pas été entraîné par le régime du FPR à s’investir dans la délation comme d’autres rescapés tutsi ingrats, fait partie des 18.000 personnes réfugiées et recueillies à la paroisse Sainte Famille où elles ont été nourries et soignées grâce au père Wenceslas MUNYESHYAKA. Ce prêtre catholique, devenu la bête noire du régime terroriste et délateur du Général Paul KAGAME, mériterait bien une médaille de bravoure si le régime du FPR était préoccupé de reconnaître les héros et de rendre une justice équitable.



Si notre communiqué commence par la déclaration de ce jeune garçon de 12 ans, c’est pour souligner qu’à côté de milliers de « Syndicats de délateurs » créés, encouragés, manipulés et protégés par le régime du FPR et certaines sections de l’association des rescapés tutsi du génocide IBUKA (Souviens-toi), il existe de nombreux rescapés tutsi qui ont refusé de sombrer dans la délation institutionnalisée au plus haut niveau de l’Etat rwandais.



Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* dénonce et condamne le gouvernement rwandais qui utilise la délation, finance et assure l’impunité des milliers de « Syndicats de délateurs » manipulés et corrompus par les différentes « machines à tuer » dont la Directorate of Military Intelligence (DMI) mises en place par les chefs militaires et politiques du Front Patriotique Rwandais (FPR). Notre Centre enquête aussi depuis 10 ans sur le père Wenceslas et confirme les témoignages qui attestent qu’il a utilisé tous les moyens à sa disposition pour sauver le maximum des 18.000 réfugiés de la Sainte Famille. Notre Centre demande à la justice française de rejeter toute demande d’extradition de Wenceslas et le mandat d’arrêt international lancé le 27 décembre 2005 par les autorités rwandaises.



Toutes les institutions officielles de l’Etat rwandais sont complètement noyautées, contrôlées et paralysées par le noyau dur des chefs militaires et politiques du FPR impliqués dans les crimes de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au Rwanda depuis le déclenchement de la guerre du FPR le 1/10/1990 jusqu’aujourd’hui. Leur seule préoccupation consiste à s’assurer l’impunité par la nomination des magistrats soumis et inféodés aux dirigeants du FPR et par la mise en place d’un appareil judiciaire destiné à condamner les seuls suspects Hutu et/ou à les maintenir en prison sans aucun procès.

Ce sont ces institutions de façade (gouvernement, parlement, sénat, et magistrature) que ces chefs militaires manipulent et contraignent à voter et à appliquer des lois injustes et liberticides. C’est cette junte militaire qui commandite des lois, des décrets-lois, des commissions d’enquête parlementaire (comme celle qui a anéanti depuis 2004 la Société civile rwandaise qui a assisté à l’assassinat de ses membres (M. RAMBA Léon Pasteur de COFORWA tué le 29/12/2003) et qui a vu s’exiler plusieurs journalistes indépendants et 13 dirigeants de la Ligue Rwandaise pour la Promotion des Droits de l’Homme (LIPRODHOR). Cette junte militaire commandite également des assassinats politiques, la promulgation des décisions et directives arbitraires, des enlèvements, des crimes de torture, des arrestations et des emprisonnements arbitraires. Tous ces actes criminels et impunis sont destinés à opprimer et à terroriser la population afin de mieux l’opprimer et l’empêcher de réfléchir, de s’organiser, d’évoluer et de se développer matériellement, moralement et spirituellement.



C’est encore cette junte militaire qui a ordonné le 27/12/05 au Ministère rwandais des Affaires Etrangères de négocier avec le gouvernement français l’extradition de l’Abbé Stanislas MUNYESHYAKA, sous prétexte qu’il serait un complice du Général Laurent MUNYAKAZI. Ce dernier est emprisonné depuis le 05/09/2005 après avoir rendu, pendant 10 ans, de bons et loyaux services à l’actuel Président rwandais, le Général Paul KAGAME. Il a commandé des bataillons et une division des Forces Rwandaises de Défense (FRD) depuis 1995. S’il était génocidaire, il n’aurait pas été promu jusqu’à son grade actuel de Général Major (Voir notre Communiqué n°85/2005 du 25/10/2005 sur l’emprisonnement du Général MUNYAKAZI). Si le Général Munyakazi doit être jugé, il devrait l’être pour avoir omis d’arrêter les massacreurs hutu tout comme il n’a pas pu arrêter les massacreurs Tutsi du Bataillon 99 de l’Armée Patriotique Rwandaise qui a décimé des milliers de civils innocents dans la préfecture de Ruhengeri (Nord-Ouest) entre 1997 et 2000. C’est justement Munyakazi qui était commandant de ce bataillon qui a commis des crimes de génocide sur des civils Hutu innocents pendant la guerre attribuée à des « infiltrés hutus ».



Le FPR pourchasse depuis 11 ans d’autres héros du génocide :



En tant que doyenne de la Société Civile Rwandaise, l’Eglise Catholique du Rwanda constitue le plus grand « témoin gênant » de l’histoire du Rwanda pour les extrémistes tutsi qui continuent de décimer des civils innocents sous plusieurs formes et qui tentent de la démanteler. Pour illustrer cette soif de démanteler l’Eglise Catholique en vue de l’empêcher d’aider spirituellement, moralement et matériellement le peuple rwandais, le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda rappelle que le FPR n’a jamais arrêté son programme de destruction et de déstabilisation des églises chrétiennes du Rwanda :

- Le 5 juin 1994, le FPR décapite l’Eglise catholique du Rwanda par le massacre de trois évêques et une dizaine de prêtres catholiques à Gakurazo, commune Mukingi, préfecture de Gitarama. Les trois évêques catholiques sont Mgr Vincent Nsengiyumva, Archevêque de Kigali, Mgr Thaddée Nsengiyumva, Evêque de Kabgayi, Mgr Joseph Ruzindana, Evêque de Byumba et Mgr Innocent GASABWOYA qui était tutsi. Le 30/11/1996, Mgr Phocas Nikwigize, évêque du diocèse de Ruhengeri fut enlevé par les soldats du FPR et porté disparu depuis.



- Entre avril et juillet 1994, plusieurs familles Hutu, qui avaient caché leurs voisins Tutsis pendant le génocide, ont été massacrées avec leurs protégés à Byumba, Kibungo, Gitarama.

- Le 17/10/1994, le Père canadien Claude SIMARD, qui venait de passer 29 ans au Rwanda a été assassiné dans la soirée dans sa paroisse catholique de RUYENZI en préfecture de Butare (sud). Il avait sauvé des tutsi et dénoncé les massacres du FPR auprès du HCR au Rwanda.

- Les religieux espagnols catholiques assassinés par le FPR étaient des héros qui ont été tués parce qu’ils défendaient des rwandais menacés de mort: le père Joacquim VALLMAJO SALA né le 21 mars 1941 et arrivé au Rwanda le 27 juin 1965 et tué le 26 avril 1994 à Byumba au nord-est du Rwanda, Le père Isidro UZCUDUN Pouso né le 24 janvier 1931 a tué à Mugina le 10 juin 2000. Les frères maristes tués par le FPR à Nyamirangwe (Congo) le 31 octobre 1996 sont : Servando MAYOR Garcia né le 20 juillet 1952 et arrivé au Rwanda en 1995, Julio RODRIGUEZ Jorge né le 20 octobre 1956 (14 ans dans la région), Miguel Angel ISLA LUCIO né le 8 mars 1943, Fernando DE LA FUENTE né le 16 décembre 1943.

- Les coopérants espagnols tués par le FPR le 18 janvier 1997 à Ruhengeri (nord-ouest du Rwanda) sont : Maria FLORS SIRERA FORTUNY (33 ans) né le 25 avril 1963, Manuel MADRAZO OSUNA (42 ans) né le 14 septembre 1954 et Luis VALTUENA GALLEGO (30 ans) né le 7 février 1966. Ils ont été tués pour avoir identifié des victimes tuées par le FPR.

- Le 2 février 1997, le Père canadien Guy PINARD a été tué pendant la messe du dimanche vers 10h par un enseignant ex-militaire de l’APR nommé Dieudonné. Ce prêtre de la Congrégation des Missionnaires d’Afrique (Pères blancs), a passé tous ses 35 ans de sa vie missionnaire au Rwanda. Lors des massacres au Rwanda en 1994, il avait plusieurs fois risqué sa vie pour aider les personnes menacées de mort. Il fut tué sur le champ au moment où il distribuait l’Eucharistie dans sa paroisse de Kampanga, à 16 km de Ruhengeri.

- Dans la nuit du 27 au 28 avril 1997 à 1h du matin, la Directrice Belge de l’Ecole catholique Secondaire de MURAMBA, Griet BOSMANS, a été tuée avec 17 élèves et quatre personnes (qui logeaient à l’Ecole de Tetero) par des malfaiteurs « non identifiés ». Elle a toujours protégé par sa présence de près de 40 ans au Rwanda la population locale qui a soupçonné les éléments de l’APR suite à leur refus d’intervenir pour arrêter les assassins.

- Le 31/01/1998 vers 20h30, le Père croate VJEKO a été tué de huit balles en plein centre de la ville de Kigali. Le père VJEKO était économe général de la Diocèse Kabgayi et curé de la paroisse de Kavumu. Il a sauvé et nourri les 35.000 réfugiés à l’Evêché de Kabgayi.

- Détenu arbitrairement depuis février 1995, l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA est un prêtre catholique Hutu qui était curé de la Paroisse de Byimana avant, pendant et après les crimes de génocide perpétrés au Rwanda entre avril et juillet 1994. Il est connu et reconnu pour avoir sauvé des centaines de tutsi qu’il a cachés et protégés avec les maigres moyens qu’il avait à sa disposition. Il reste emprisonné arbitrairement malgré le tribunal Gacaca qui l’a innocenté le 01/09/ 2005. Pour éviter de le libérer, un autre faux procès est organisé pour le 19/01/06.

- KAREKEZI J.M.Vianney a été secouriste de la Croix Rouge pendant 20 ans. C’est un ancien employé de la BNR. Il a bravé les bombes, les balles et les massacres de civils innocents pour évacuer des milliers de blessés dans la ville de Kigali. Depuis janvier 1995 Il est détenu arbitrairement à la prison centrale de Kigali parce que les interahamwe ont enlevé de son ambulance et assassiné l’ancien Ministre tutsi CYUBAHIRO Constantin.

- 30 volontaires du CICR (Comité International de la Croix Rouge), qui ont nourri et soigné plus de 35.000 réfugiés à l’Evêché de Kabgayi, ont été emprisonnés arbitrairement pendant 7 ans. Certains sont morts en prison, les survivants libérés sont traumatisés à vie.

- NSENGIYUMVA Fidèle (alias CASTRO) a été emprisonné pendant plus de 5 ans pour avoir sauvé plus de 600 orphelins du génocide ramassés dans la ville de Kigali. Cette action humanitaire a été menée conjointement avec un bienfaiteur français, Marc VAITER et l’ancien Sous-préfet des affaires sociales à la Préfecture de la Ville de Kigali, Aloys SIMPUNGA. Les trois bienfaiteurs ont créé trois orphelinats avant d’être emprisonnés arbitrairement. Leurs orphelinats ont été démantelés après leur emprisonnement et la mort de Marc VAITER.



- Le général RUSATIRA Léonidas a été emprisonné sur ordre du TPIR et grâce à la manipulation du FPR et des membres d’IBUKA pendant trois mois à Bruxelles (du 15 mai au 15 août 2002). Il est connu pour avoir sauvé des centaines de tutsi pendant le génocide.

- Le 23 avril 2003, le Lt Colonel Augustin Cyiza, président de l’Association ARDES-TABLE RONDE, est porté disparu à Kigali jusqu’à ce jour. Il a sauvé de nombreuses personnes menacées pendant le génocide de 1994. Rappelons qu’il a été président de la Cour de Cassation et Vice président de la Cour Suprême de 1995 à 1998 sous le régime FPR.

- Le 6 septembre 2005, le prêtre belge, le père Guy THEUNIS, a été arrêté et emprisonné arbitrairement à Kigali alors qu’il est reconnu pour avoir milité pour les droits humains et une presse indépendante au Rwanda. Il a été transféré en Belgique comme détenu libre, mais poursuivi inutilement car son intégrité morale est reconnue par tous ceux qui l’on connu. Etc.



Des témoignages très crédibles confirment l’héroïsme du père Wenceslas :



- Le premier témoignage très crédible de Monsieur GAHURURU Jean Népomuscène[1], responsable à la CICR (Comité International de la Croix Rouge), présente le père Wenceslas comme un véritable héros du génocide dans ces termes : « l’intérieur du presbytère fermé et gardé à la porte par des agents de sécurité, était particulièrement réservé aux personnes menacées. Elles y étaient cachées dans différents coins et recoins de l’Eglise et à l’intérieur des bâtiments de la paroisse. C’est là que l’on rencontrait les personnes poursuivies (comme l’ancien ministre du FPR, Bonaventure NIYIBIZI et l’entrepreneur tutsi Stanislas), les malades, les femmes et les enfants, bref toutes les personnes du groupe vulnérable… Le prêtre était préoccupé par la survie de tous les déplacés hébergés dans sa paroisse. A un certain moment, le nombre record de 16.000 personnes fut atteint dans sa paroisse, et ce, sur un espace de moins d’un kilomètre carré. Il a pu se démener pour nourrir tous ces gens, les faire soigner, mobiliser une unité de gendarmes commandés par un capitaine (Ntirugiribambe) et un lieutenant (Sekamana) en vue de protéger jour et nuit cette population qui n’avait d’autre recours que lui, seul, fatigué, stressé. Il ne dormait que très peu d’heures : souvent dans la journée pour veiller la nuit, nous disait-il. Il a pu assurer l’accompagnement spirituel et il a entrepris des démarches auprès de la MINUAR (Mission des Nations Unies au Rwanda) et des différentes autorités civiles et militaires et aussi auprès des Interahamwe en vue de la libération ou de l’évacuation de certaines personnes qu’il savait en danger…Vers la fin du mois de mai 1994, le blocus des voies routières avait asphyxié le ravitaillement de l’aide humanitaire sur Kigali. Là encore, l’Abbé Wenceslas n’hésita pas à ouvrir les dépôts de l’Eglise catholique, partout où ils étaient disséminés dans la ville, pour nourrir les affamés en commençant par les femmes et les enfants. J’ai assisté personnellement à la distribution gratuite aux nécessiteux d’une partie du stock de l’économat général de l’Eglise catholique logé dans l’enceinte de sa paroisse. Le père Wenceslas a joué un rôle important dans l’action humanitaire de la Croix-rouge, car il avait accepté d’aider à désengorger les effectifs de l’hôpital de fortune du CICR… ». Par ailleurs pendant la trêve, le père Wenceslas faisait charger discrètement des camions du CICR de vivres, au profit de Tutsi affamés se trouvant sur le territoire placé sous contrôlé du FPR, à l’hôpital Fayçal, à l’hôtel Méridien de Kacyiru et sur le site de Kabuga (Kigali-Rural). Au moindre soupçon, lui et ses collègues auraient été massacrés par les miliciens hutu sous l’accusation d’entente avec l’ennemi.



- L’autre témoin crédible, le père catholique Célestin HAKIZIMANA[2], nous décrit (pages 414 à 416) qui était le père Wenceslas et ce qu’il a fait pendant le génocide : « Wenceslas est un homme de relations. Il connaissait des grandes personnalités. Si bien qu’en voyant ses amis, on pouvait se tromper sur lui alors que ce sont justement ces gens, ces personnalités qui nous ont aidés pendant la guerre. Tous ensemble, collectivement, les prêtres de Kigali se sont partagés les responsabilités de la gestion des réfugiés et de leur protection. En tenant compte de sa personnalité et de ses relations, nous avons chargé Wenceslas du service de la sécurité et de l’approvisionnement en nourriture. Nous lui avons dit : « Procure-nous des gendarmes pour nous protéger, et comme tu es courageux, tu es Hutu, tu peux sortir, passer les barrages et aller chercher la nourriture des réfugiés… » « Wenceslas est un type qui s’habille comme un jeune, c’est un artiste… Quelqu’un qui ne le connaissait pas pouvait mal interpréter sa façon de s’habiller, surtout quand il a revêtu un gilet pare-balles et qu’il a porté un pistolet à la ceinture. C’est son style, mais c’est aussi ce qui l’a aidé à faire tout ce qu’il a fait. Il n’a tué personne, et, au contraire, ce pistolet l’a aidé à faire peur aux miliciens pour défendre les réfugiés. Il faut faire un effort pour ne pas se méprendre sur la personne de Wenceslas ». Au fil de la narration, il fait apparaître un Wenceslas inaccessible à la peur, toujours sur la brèche, avec son gilet pare-balles et son pistolet, se démenant pour « ses » réfugiés. « Wenceslas a transporté beaucoup de réfugiés de la maison à la paroisse, de la paroisse à l’hôtel des Mille collines. Il était devenu comme le fournisseur de l’hôtel ; il donnait aux réfugiés le lait en poudre, les flocons d’avoine, l’huile, les boîtes de conserves. Quand le climat est devenu tendu, les miliciens rôdaient autour de la paroisse, Wenceslas n’a pas eu peur, n’a pas voulu partir à Kabgayi avec les autres prêtres ; même si des gens ont été tués à la Sainte Famille, c’est l’une des rares paroisses qui ont pu en cacher jusqu’à la fin de la guerre, puisque le prêtre n’a pas laissé les réfugiés aux mains des miliciens. A Kigali, la vie est devenue dure, Wenceslas a pris la camionnette Mazda de l’Economat général ; pour approvisionner les stocks en aliments des réfugiés, il allait en ville à la Caritas nationale, à Nyamirambo, au CICR. Encours de route, il a été maintes fois menacé parce qu’il apportait de la nourriture aux « complices du FPR ».

- Un troisième témoin aussi héros du génocide comme les pères Wenceslas et Célestin, c’est l’ancien Sous-préfet des Affaires sociales dans la PVK (préfecture de la Ville de Kigali), Monsieur Aloys SIMPUNGA[3], qui évacué, protégé et nourri des milliers de réfugiés et déplacés de guerre dans la capitale rwandaise Kigali. Il a témoigné sur la bravoure du père Wenceslas en quelques phrases : « Je ne comprendrais jamais où le père Wenceslas tirait toute l’énergie qui lui a permis de secourir autant de réfugiés tout en bravant la mort sous les bombes, les balles, les grenades et les machettes des Interahamwe. Il s’est démené comme un fou pour approvisionner les réfugiés en nourriture, en eau et en bois de chauffe sans tomber mort de fatigue et de dépression.



Je lui ai confiés beaucoup de personnes menacées qu’il a accepté d’accueillir et qui ont survécu au génocide. Personnellement si j’étais autorisé à distribuer les médailles de bravoure, Wenceslas serait le premier à le recevoir et je demanderais que tous s’inclinent devant son héroïsme. Il est injuste de le diaboliser injustement ».

- le quatrième témoin en faveur de Wenceslas, c’est Monsieur Charles KAREMANO, un ancien cadre du Parti Social Démocrate (PSD) qui raconte que Wenceslas a refusé de l’évacuer vers la Sainte Famille lorsqu’il passait le 15 avril 1994 à 10h dans son quartier de Rugenge. Wenceslas lui a répondu qu’il n’était pas venu pour s’occuper des Hutu mais qu’il devait s’occuper d’abord des Tutsis plus menacés : Karemano affirme ceci : « L’abbé est originaire de ma région. Je sais que l’un de ses parents est Tutsi. Je n’ai pas eu le temps de discuter sa réponse et de lui expliquer que moi aussi, j’étais en danger. A ce moment, j’ai conclu qu’il refusait de me secourir parce que j’étais Hutu et qu’il préférait secourir les Tutsi comme lui. Par la suite, j’ai compris qu’en refusant de me transférer dans sa paroisse, il m’a rendu service. J’y aurais été facilement localisé comme les autres Hutus dits modérés, et probablement tué. Toutefois, c’est parce que je suis en vie que je peux m’accorder le loisir de faire de telles conjectures. Et si j’avais été trouvé chez moi et tué ? Ma femme ou l’un ou l’autre membre de ma famille qui aurait survécu n’aurait-il pas traîné l’abbé en justice ? »[4].

- Le cinquième témoin, c’est Madame Florida MUKESHIMANA, veuve de Boniface NGULINZIRA[5], ancien ministre des Affaires Etrangères du Rwanda pendant les négociations des accords de paix d’Arusha (Tanzanie), qui a été évacuée de Kicukiro, cachée au couvent des sœurs de la Charité, nourrie et sauvée avec ses enfants par Wenceslas. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, en évacuant Kigali, Florida faisait partie d’un même convoi de 20 personnes dont le père Wenceslas et trois gendarmes. Elle raconte les menaces proférées contre Wenceslas sur des barrières tenues par les interahamwe lors des contrôles routiers : « Ils nous ont fait sortir des camionnettes où nous étions entassés. Les miliciens ont commencé à nous frapper, nous traitant d’Inkotanyi. Ils ont prix les trois fusils des gendarmes et on commencé à les tabasser. Monsieur l’abbé Wenceslas Munyeshyaka était avec nous. Quand il leur a dit : « Je suis l’aumônier des jeunes de la Sainte Famille », ils lui ont répondu : « Tais-toi ! Les prêtres sont les complices du FPR ! D’ailleurs, toi et les gendarmes de la Sainte Famille, vous nous avez empêchés de tuer les Inyenzi (combattants du FPR) qui étaient dans l’église ! Aujourd’hui, vous allez mourir à leur place ». L’abbé, les gendarmes et nous tous avons été enfermés dans une maisonnette au bord de la route. Ils disaient qu’ils prendraient plaisir à nous tuer tous à tour de rôle ; ils prendraient un plus grand plaisir encore à tuer le prêtre et les gendarmes ! Heureusement pour nous, sous la pression des combats, la ville de Kigali se vidait de ses habitants et les miliciens n’ont pas eu le temps de mettre leur plan à exécution. Ils ont pris les camionnettes et sont partis ! (…) Nous avons pu atteindre Goma (Congo) le 7 juillet. »



Chronologie d’une campagne de délation orchestrée contre le père Wenceslas :



- Dans son programme de destruction et de persécution de l’Eglise Catholique du Rwanda, le FPR a choisi de s’attaquer aux héros catholiques qui ont survécu à leur bravoure de cacher et de sauver des personnes menacées de mort pendant le génocide. Dès septembre 1995, quelques membres du FPR présentent, dans les médias nationaux et internationaux, le père Wenceslas MUNYESHYAKA comme un monstrueux curé catholique qui a livré des tutsi réfugiés dans l’Eglise Sainte Famille à des miliciens hutu pendant le génocide ;





- En octobre 1995, le journal Umusemburo cite le père Wenceslas parmi « ceux qui ont porté des fusils ou autres armes, ceux qui se sont livrés aux harcèlements sexuels envers des femmes et ceux qui ont livré les personnes réfugiées pour qu’elles soient tuées ».

- En novembre 1994, la revue anti-catholique GOLIAS de Christian Terras publie un article intitulé : « Une odeur de révisionnisme » dans lequel il dénonce la lettre des prêtres rwandais de Goma (Zaïre) au Pape Jean Paul II. Wenceslas est classé dans la catégorie des révisionnistes.

- En janvier 1995, Wenceslas est inscrit, sous le numéro 421, sur la liste des « génocidaires » publiée par le gouvernement de Kigali. Ces listes sont l’arme absolue du nouveau pouvoir. Elles lui permettent, de façon absolument arbitraire, d’éliminer, au moins moralement, toute personne qui dérange la clique dirigeante du Rwanda. Figurer sur cette liste, c’est avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Cette seule inscription libère tous les chiens de meute.

- Quelques semaines plus tard, Yvonne MUTIMURA[6], une rwandaise tutsi mariée le 6 juin 1994 au français Pierre Galinier, découvre que Wenceslas est vicaire à Bourg-Saint-Adéol en France et informe le réseau français pro-FPR. En février 1995, la communauté rwandaise Tutsie pro-FPR dénonce auprès de Mgr DUVAL, président de la Conférence épiscopale, la présence de prêtres impliqués dans le génocide. Tous les réseaux FPR accumulent dès lors de nombreuses fausses accusations.

- Dès 1995, les « Syndicats de délateurs oeuvrant au Rwanda et en Europe s’activent pour manipuler et financer des faux témoins qui feront le voyage en France pour témoigner à charge de Wenceslas. Les réseaux de GOLIAS, African Rights dirigé par Rakiya Omar, le réseau pro-FPR, Liaison-Rwanda, dirigé par Thierry Laniesse (marié à SARA, rwandaise tutsie) se chargent de traquer le père Wenceslas. Le 25 mai 1995, Thierry Laniesse, accompagné de sa femme Sara et d’un rwandais Jean-Louis Nyirinkwaya, entre dans l’église, agresse et insulte Wenceslas en pleine messe dans l’Eglise à Bourg-Saint-Andéol, après avoir pris les photos. Les trois agresseurs collent des coupures de journaux accusant Wenceslas à la porte de l’église, à la mairie et au couvent des sœurs. Simultanément, GOLIAS[7] publie un dossier diffamatoire intitulé : Le « Touvier » rwandais sous haute protection de l’Eglise de France

- Le 21 juin 1995, l’avocat William Bourdon, aidé par les français François Dupaquier et Jean-Paul Gouteux, accompagnés de leurs femmes d’origine TUTSIE, Eugénie Gatari et Marie Mukashema Kabano, obtint qu’un huissier délivre une sommation interpellative au procureur de Nîmes pour procéder à l’arrestation immédiate de Wenceslas. Le 26 juillet 1995, le juge d’instruction de Privas délivre un mandat d’amener qui fut exécuté 2 jours plus tard. Wenceslas est mis en liberté sous contrôle judiciaire le 11 août 1995, la Cour d’Appel de Nîmes ayant jugé les témoignages sans consistance. Pendant que Wenceslas est en prison, le groupe de militants français se constitue parties civiles. On y trouve les deux couples Dupaquier et Gouteaux, le couple Galinier et Yvonne Mutimura (qui prend la tête de l’accusation), le couple Jean-Louis Nyilinkwaya (qui accompagne le couple Laniesse à Bourg-Saint-Andéol et sa femme Marie Louise. Ils sont rejoints par six rwandais dont Clémence Safari, une nièce d’Yvonne Mutimura[8]. Le 9 janvier 1996, le juge déclare irrecevables les plaintes du couple Dupaquier. Les Dupaquier sortis judiciairement du dossier, Yvonne MUTIMURA devient la principale accusatrice du père Wenceslas et utilise les on-dit et rumeurs et exploite les faux témoignages de sa nièce Clémence SAFARI.

- La mécanique FPR tourne à plein régime, en France comme à Kigali. L’association de rescapés tutsis IBUKA (Souviens-toi) fait le nécessaire à Kigali. Clémence SAFARI vient confirmer, huit jours après sa tante Yvonne, la responsabilité du père Wenceslas dans l’assassinat de son frère Christophe. Elle ment. Et son premier mensonge, qui entraînent d’autres, est d’affirmer qu’elle était réfugiée à la Sainte Famille alors qu’elle se trouvait au Centre pastoral Saint Paul « dans la chambre 21, tout près de la Chapelle », selon les précisions du père Célestin qui y encadrait les réfugiés L’opération montée autour de Clémence Safari par IBUKA, associée aux réseaux pro-FPR de France, n’est que l’illustration d’une pratique courante du régime de Kigali : la fabrication de faux témoins, dénoncée à maintes reprises par des associations des droits de l’homme. L’ancien Ministre de l’Intérieur, assassiné le 16 mai 1998 à Naïrobi, s’apprêtait à apporter, devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, des éléments sur la « fabrication » de faux témoins pour les procès au Rwanda et au TPIR.



CONCLUSION : L’abbé Wenceslas MUNYESHYAKA est poursuivi parce qu’il a été choisi comme le premier bouc émissaire qui devait aider le FPR à salir et à détruire l’Eglise. Que ce soit lui ou le Général Laurent MUNYAKAZI personne n’a participé à un quelconque meurtre dans la ville de Kigali. Ils sont tous victimes de la délation et de l’absence d’une justice équitable au Rwanda. Notre communiqué n°85/2005 explique que le Général Munyakazi a sauvé et a secouru les réfugiés de la Sainte Famille dans la mesure des maigres moyens humains et matériels qui étaient à sa disposition. Il a ensuite servi le FPR pendant 10 ans.



RECOMMANDATIONS : Notre Centre recommande instamment :



Au gouvernement rwandais :

- De cesser tout assassinat et toutes les persécutions dirigées contre les héros du génocide rwandais. De libérer le Général Laurent Munyakazi détenu pour son ethnie.

- De libérer immédiatement tous les héros du génocide emprisonnés et cités ci-dessus ;

- De récupérer les médailles que les criminels de guerre du FPR se sont octroyés le 4 juillet 2005 et de les attribuer aux véritables HEROS du génocide rwandais ;

- De poursuivre par contre l’actuel chef d’Etat-Major de l’Armée rwandaise, le général James KABAREBE, qui a ordonné les bombardements meurtriers des camps de réfugiés de la Sainte famille (les 1 mai et les 22, 24, 27 juin 1994), des colonnes de réfugiés Hutu qui quittaient la ville de Kigali (sur la route de Kicukiro les 21 et 22 mai 1994) et les colonnes de fuyards le 4 juillet 1994 sur les routes Gitarama et Shyorongi.



Au gouvernement français :

- De reconnaître l’existence des milliers de syndicats de délateurs manipulés et encouragés par le régime de Paul Kagame qui les utilise pour éliminer ses opposants pour des raisons politiques.

- De refuser toute extradition de l’Abbé Wenceslas Munyeshyaka et d’ignorer le mandat d’arrêt international délivré par le Rwanda ou la peine de mort est encore appliquée.

- De considérer l’Etat rwandais comme un état terroriste et de constater l’absence d’une justice équitable car les institutions et le peuple rwandais sont pris en otage par un noyau de chefs militaires et politiques criminels qui s’assure ainsi l’impunité.

- De constater que les listes noires publiées par le régime FPR violent les droits de l’homme (le droit à la présomption d’innocence et à un procès équitable) et préconisent la peine de mort avant tout procès.



Aux rescapés tutsi du génocide rwandais :

- de refuser toute compromission dans la délation institutionnalisée et de reconnaître la lourde responsabilité du FPR dans le déclenchement et l’exécution du génocide.

- De reconnaître la souffrance et le deuil de leurs voisins hutu innocents qui ont vu leurs membres de familles exterminées par les militaires et les cadres du FPR ainsi que certains rescapés qui ont été manipulés et qui sont devenus à leur tour, de gré ou de force, des génocidaires au même titre que les génocidaires tutsi. Au cas où la vengeance serait un droit reconnu aux Tutsis, on pourrait alors reconnaître aux massacreurs HUTU le même droit d’avoir vengé la mort des leurs, celle du président Habyarimana et ses collaborateurs Hutu assassinés (dans l’attentat terroriste du 6/04/1994 attribué aux dirigeants Tutsi du FPR) ainsi que de toutes les autres victimes Hutu des massacres du FPR d’avant avril 1994 tels qu’ils ont été décrits et confirmés par le Lieutenant Abdul ruzibiza.

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