Wednesday, September 05, 2007

Prison or Promotion for Karake?

Le Darfour accueille un criminel notoire
D’après les nouvelles en provenance de Kigali, le Général Karenzi Jean Karake a été désigné Commandant adjoint de la force de maintien de la paix au Darfour (Soudan). Dommage que l’ONU et l’Union Africaine aient avalisé cette nomination sans savoir qu’elles avaient à faire à un criminel notoire.

L’homme



Lieutenant dans l’armée ougandaise, Karenzi Jean Karake était responsable du personnel dans les redoutables services de sécurité intérieure sous la direction de Paul Kagame, actuel Président du Rwanda. Les Ougandais ont encore des cauchemars de ce couple de la tristement célèbre Bassima House à Kampala. Ce bâtiment est synonyme de tortures et d’exécutions extra-judiciaires dans les premières années de règne du Président Yoweri Museveni[1].



Quand le FPR et les éléments de l’armée ougandaise envahirent le Rwanda en octobre 1990, Karenzi Karake est du nombre. Des négociations sont entamées avec le Gouvernement rwandais d’alors. Karenzi Karake fait partie des délégués du FPR. Suite à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu en mars 1991 à N’sélé (RDC), l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) déploya au Rwanda un Groupe d’Observateurs Militaires Neutres (GOMN) dont la mission a pris fin en octobre 1993 avec l’arrivée des Casques Bleus de la MINUAR. Le Colonel Karake Karenzi fut désigné comme Officier de liaison de ces deux forces internationales respectives avec le FPR. Il sera établi à Kigali, capitale du Rwanda.

Il est adepte du terrorisme



Dans la capitale Kigali, Karenzi Karake fut un véritable cheval de Troie. Protégé par une immunité diplomatique de l’OUA puis de l’ONU, Karenzi Karake a eu la latitude de recueillir des renseignements pour son armée aux prises avec les Forces Armées Rwandaises (FAR) dans les régions frontières avec l’Ouganda.



A l’intérieur du Rwanda, il créa des escadrons de la mort qui firent déferler un terrorisme jamais connu dans l’histoire du Rwanda. Ils ont posé des bombes et des explosifs qui ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile sans parler des dégâts matériels.



En guise d’exemple, un attentat contre des écoliers dans la Commune Taba dans la Préfecture de Gitarama a fait une centaine de morts parmi les élèves de l'école primaire. Des bombes furent posées dans des lieux publics et dans des endroits très fréquentés tels que les transports en commun, les stations d’essence, les bâtiments officiels, les marchés,... Ainsi des explosions eurent lieu dans la Gare Routière et le Marché de Kigali, dans le Marché de Butare, dans les Hôtels Ibis et Faucon à Butare, dans l’Hôtel Gloria à Gitarama, dans le bâtiment de la Poste à Kigali. Une bombe a fait exploser un car de voyageurs ainsi qu’une station d’essence ; une autre a brûlé un camion citerne plein de gas oil.



Dans ce cadre, un journaliste fut recruté par ‘‘un officier du FPR’’ pour poser la bombe dans les installations de la Radio nationale en échange d’une grosse somme d’argent. Le journaliste a refusé la sale besogne et a avisé le Directeur de la radio[2].



Depuis 1991 jusqu’en 1993, il y a eu : 21 attentats aux mines et aux explosifs dans la Préfecture de la Ville de Kigali, 11 dans Kigali rural, 9 dans Butare, 8 dans Gisenyi, 6 dans Cyangugu, 5 dans Gitarama et 4 dans Kibungo[3]. Les dégâts humains et matériels de ces plasticages aveugles furent considérables.



La presse d’alors et les associations de défense des droits de l’homme[4] vont pointer du doigt cet officier comme étant à la base de ces attentats. Elles décrivent l’homme comme ayant profité de sa position d’Officier de liaison pour activer les fameuses "cellules clandestines" et d'autres commandos infiltrés pour commettre des attentats et des assassinats de toutes sortes.



Le rôle du Colonel Karenzi Karake comme commanditaire des ces crimes sera confirmé par son collègue d’armes, le lieutenant Abdul Ruzibiza dans son livre[5] bien documenté sur les forfaits de cet officier. Ruzizbiza y dévoile que ces groupes criminels étaient non seulement sous les ordres du Colonel Karenzi Karake et mais aussi ils formaient un « network » dont les tentacules s’étendaient sur tout le pays.



Les escadrons de la mort du Colonel Karenzi Karake sont responsables, avant juillet 1994, de l’assassinat de leaders politiques dont notamment Emmanuel Gapyisi et Félicien Gatabazi[6].



Etant à Kigali, le Colonel Karake Karenzi, épaulé par le Colonel Charles Kayonga à la tête d’un bataillon du FPR emmené dans la capitale dans le cadre des Accords d’Arusha, va coordonner la descente de l’avion du Président Habyarimana le 06 avril 1994.

Il s’en prend à la population civile

Après la victoire du FPR en 1994, le Colonel Karenzi a été affecté à la DMI (Directorate Military Intelligence=Renseignements militaires) où il s'est illustré par des tortures, des enlèvements de personnes et leurs disparitions.



Il a supervisé, en 1994, les sites de massacres de Masaka, l’incinération des cadavres à Ndera. Il a participé, le 13 avril 1995, à Butare à la réunion pour attaquer le camp des déplacés de Kibeho. Après le forfait, il a assuré la logistique en envoyant des camions pour évacuer des cadavres.



Il est connu pour avoir organisé des plans d'extermination massive des Hutu par le truchement du phénomène des " infiltrés’’[7]. Par ce biais, il a nettoyé la région du Nord de ses habitants notamment en septembre 1995, dans les localités de Ndusu, Cyeru, Gatonde, Nyamutera juin 1997[8].



En décembre 1997, il est commandant du Secteur militaire de Gitarama. Dans sa commune natale de Bulinga, il fit par exemple massacrer 120 personnes du secteur Kabare[9] en simulant l’attaque des infiltrés.¨



L’année suivante, il a été affecté Ruhengeri dans le Nord du pays où il a continué l’œuvre d' « extermination des hutu »[10].

Il est tout, sauf un humanitaire



En 1996-1997, le Colonel Karenzi Karake fait partie du groupe de militaires du FPR qui ont supervisé la destruction des camps des réfugiés hutu de l’ex-Zaïre (actuelle RDC). Le seisme humanitaire de ces attaques continue de hanter bon nombre de Rwandais. Plus de 200.000 réfugiés périrent sous les bombes, sans parler de ceux qui sont morts de faim et de maladies de toutes sortes dans cette jungle zaroïse.



La RDC étant un scandale géologique, Karake Karenzi supervisera le pillage des ressources de ce pays vers le Rwanda. En 2001, il était Commandant des Forces Rwandaises d’occupation à Manono en RDC. Il supervisait les provinces du Katanga, du Nord et du Sud Kivu, du Kasai du Maniema. Il expliquait fièrement aux journalistes que ses hommes avaient pénétré en territoire congolais jusqu’à une profondeur de plus de 1.000 km[11].



En allant massacrer les réfugiés sous la protection de l’ONU, il a en même temps violé le territoire d’un pays souverain par une guerre d’agression pourtant prohibée par la Charte des Nations Unies et de l’Union Africaine (UA).



Si Karake Karenzi a semé du terrorisme, s’il a fait massacrer des populations civiles, s’il a foulé aux pieds les principes fondateurs de l’ONU et de l’UA, mérite-il vraiment l’aval de ces deux organisations internationales pour une mission humanitaire de maintien de la paix ?

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